Das Kind de Christine Lavant, éditions Lignes-Léo Scheer, 2006
Traduit de l’allemand par François Mathieu.
Lecture : Anna Carlier
Musique : Paul Julian Quillier
Si ce nom de Christine Lavant ne vous dit rien, c’est normal, le monde est à l’envers. Dans ce monde-ci Christine Lavant existe à peine, rien d’étonnant, il est tout étriqué. Et pourtant, la contribution de Christine Lavant à la littérature est immense, en vérité. Qui a lu Das Kind, ou La mal-née, reconsidère sa bibliothèque.
Christine Lavant, pseudonyme de Christine Habernig (née Christine Thonhauser le 4 juillet 1915 à St. Stefan im Lavanttal (vallée du fleuve Lavant en allemand) dans l’est de la Carinthie autrichienne, et morte le 7 juin 1973 à Wolfsberg) est une écrivaine et artiste autrichienne. En 1945, l’éditeur allemand Viktor Kubczak découvre et publie sa littérature narrative, dont elle aurait détruit l’essentiel dans les années 1930, pour n’avoir pas pu être éditée.
Christine Lavant aura passé son existence terrestre entre l’écorce et le ciel. Pour une présentation à la radio danoise elle décrit ainsi sa vie: « Elle naquit Christine Thonhauser à Sankt-Stephan tout petit village rural au fond de la vallée du Lavant, d’où elle tirera plus tard son nom d’écrivain. C’était le 9 juillet 1915, elle était la neuvième enfant d’une pauvre famille. Les enfants tous vivaient dans une seule pièce. Toute sa jeunesse ou presque se passera dans cette chambre. La chambre interdite que l’on ne voyait que dans le miroir était celle des parents. Le père, Georg, était mineur de fond. Sa mère aidait aux travaux des champs et tard le soir cousait et lisait. Déjà à cinq semaines le sceau du destin s’inscrit sur elle : elle est dévorée de scrofules sur tout le corps, et devient presque aveugle. Plus jamais elle ne supportera vraiment la lumière, se cachant sous des turbans. Enfant, elle ne jouera que dans l’obscurité. »
« Das Kind relève d’un merveilleux rare et étrange. C’est le récit du séjour d’une jeune fille dans un hôpital ophtalmologique. On y soigne ses yeux, qu’elle a presque aveugles, à cause des scrofules dont son corps souffre et qui feront qu’elle ne pourra jamais montrer qu’une peau malade, stigmatisée. Elle a alors 12 ans. 12 ans : c’est l’âge que décrit ce livre. Et ce livre est écrit dans le langage qu’on a quand on n’a que 12 ans. C’est sans doute la prouesse littéraire de Das Kind (L’Enfant), qu’écrit dans cette langue d’enfant, pour dire des visions et des terreurs d’enfant, des supplications et des espérances d’enfant, il n’emprunte rien à la puérilité de l’enfance, sans pourtant non plus jamais recourir à la lucidité rétrospective de l’adulte. Ni niaiserie ni apitoiement. L’enfant en appelle certes ici à toutes les figures possibles de l’autorité et du salut, mais aucune n’est réelle cependant. Pas davantage le médecin chef que l’ « ange fort « , que Dieu même, à la fin. Toutes ces figures merveilleuses n’existent pas comme telles, sans doute, mais par contraste avec le monstrueux sous les traits duquel l’enfant se représente. » Michel Surya
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Lecture des Cahiers de Vaslav Nijinski par Anna Carlier
Das Kind, une lecture
Das Kind de Christine Lavant, éditions Lignes-Léo Scheer, 2006
Traduit de l’allemand par François Mathieu.
Lecture : Anna Carlier
Musique : Paul Julian Quillier
Si ce nom de Christine Lavant ne vous dit rien, c’est normal, le monde est à l’envers. Dans ce monde-ci Christine Lavant existe à peine, rien d’étonnant, il est tout étriqué. Et pourtant, la contribution de Christine Lavant à la littérature est immense, en vérité. Qui a lu Das Kind, ou La mal-née, reconsidère sa bibliothèque.
Christine Lavant, pseudonyme de Christine Habernig (née Christine Thonhauser le 4 juillet 1915 à St. Stefan im Lavanttal (vallée du fleuve Lavant en allemand) dans l’est de la Carinthie autrichienne, et morte le 7 juin 1973 à Wolfsberg) est une écrivaine et artiste autrichienne. En 1945, l’éditeur allemand Viktor Kubczak découvre et publie sa littérature narrative, dont elle aurait détruit l’essentiel dans les années 1930, pour n’avoir pas pu être éditée.
Christine Lavant aura passé son existence terrestre entre l’écorce et le ciel. Pour une présentation à la radio danoise elle décrit ainsi sa vie: « Elle naquit Christine Thonhauser à Sankt-Stephan tout petit village rural au fond de la vallée du Lavant, d’où elle tirera plus tard son nom d’écrivain. C’était le 9 juillet 1915, elle était la neuvième enfant d’une pauvre famille. Les enfants tous vivaient dans une seule pièce. Toute sa jeunesse ou presque se passera dans cette chambre. La chambre interdite que l’on ne voyait que dans le miroir était celle des parents. Le père, Georg, était mineur de fond. Sa mère aidait aux travaux des champs et tard le soir cousait et lisait. Déjà à cinq semaines le sceau du destin s’inscrit sur elle : elle est dévorée de scrofules sur tout le corps, et devient presque aveugle. Plus jamais elle ne supportera vraiment la lumière, se cachant sous des turbans. Enfant, elle ne jouera que dans l’obscurité. »
« Das Kind relève d’un merveilleux rare et étrange. C’est le récit du séjour d’une jeune fille dans un hôpital ophtalmologique. On y soigne ses yeux, qu’elle a presque aveugles, à cause des scrofules dont son corps souffre et qui feront qu’elle ne pourra jamais montrer qu’une peau malade, stigmatisée. Elle a alors 12 ans. 12 ans : c’est l’âge que décrit ce livre. Et ce livre est écrit dans le langage qu’on a quand on n’a que 12 ans. C’est sans doute la prouesse littéraire de Das Kind (L’Enfant), qu’écrit dans cette langue d’enfant, pour dire des visions et des terreurs d’enfant, des supplications et des espérances d’enfant, il n’emprunte rien à la puérilité de l’enfance, sans pourtant non plus jamais recourir à la lucidité rétrospective de l’adulte. Ni niaiserie ni apitoiement. L’enfant en appelle certes ici à toutes les figures possibles de l’autorité et du salut, mais aucune n’est réelle cependant. Pas davantage le médecin chef que l’ « ange fort « , que Dieu même, à la fin. Toutes ces figures merveilleuses n’existent pas comme telles, sans doute, mais par contraste avec le monstrueux sous les traits duquel l’enfant se représente. » Michel Surya
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