Véronique Bergen
Extrait d’un roman en cours, Ecume.
Image : Nicolas Vermeulin
Anaïs, je ne t’ai jamais révélé mon deuxième prénom. Accolé à Ismaël. Immortalisé par Faulkner. Celui d’un des fils de David, celui du plus bel homme du royaume, qui ordonna à ses domestiques de tuer son demi-frère Amnon pour avoir violé sa sœur Tamar, qui se ligua contre son père. Absalom. Dans l’épaisseur de mon deuxième prénom, je m’enfonce. Le grand mariage de l’être et de la nuit est informe.
L’océan apaise mes blessures, les plaies de la Terre deux fois promise, une fois pour Israël, une fois pour la Palestine. L’océan me narre sous des couleurs mythiques le rêve sioniste et laïc de Theodor Herzl. Fabuleuse énergie et grandeur visionnaire de l’élan pour échapper aux pogroms, aux persécutions millénaires, aveuglement de cet idéal porté par la formule « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » car peuple palestinien il y avait, vivant en harmonie aux côtés d’une minorité de Juifs, œil cousu car peuples il y avait sur un sol où planent les ombres des Philistins, des Israélites, où cognent les mânes des Cananéens, les cris des Juifs déportés à Babylone par Nabuchodonosor. Au milieu du Pacifique, j’entends les cris de joie des fondateurs des premiers kibboutzim dès les années 1908 dans une Palestine ottomane, j’entends les chants des pionniers de Degania, la mère des communautés laïques, prônant l’égalité des sexes, l’égalité de la mer et du désert, des étoiles filantes et des astres fixes. Dans la vallée du Jourdain, naissent des collectifs irrigués par l’anarchisme, fondés par des Juifs venus de Roumanie, de Russie, fuyant les pogroms, les pillages, les massacres. Le rêve d’une fin de la diaspora, d’un coup d’arrêt à l’antisémitisme immémorial prend forme. Décision de la Société des Nations, la Palestine passe sous mandat britannique. Les immigrants roumains plongent leurs mains dans l’huile des oliviers, foulent la terre brûlante d’Oum-Ghouni dont parle la Mishna.
Anaïs, imagine. Sur le Mont des Oliviers, sur le tombeau de Maïmonide près du lac de Tibériade, des chats des sables se prélassent. Les mains des fondateurs du kibboutz Degania plantent des idées, des légumineuses, des comètes, construisent un anti-destin. Le Britannique Lord Balfour soutient la création d’un foyer national juif. Duplicité des Anglais, manœuvres coloniales, fallacieuses promesses aux Juifs, aux Palestiniens, les monter les uns contre les autres. L’heure n’est pas encore aux mirages d’une rosée messianique, d’une lumière coranique. Absalom, au fond d’un puits, jeûne. Les mains fouillent la terre à la recherche du deuxième soleil. La politique, c’est du cynisme culinaire. La France revendique un mandat sur le Liban et la Syrie, avide de coloniser un territoire sur lequel le roi Fayçal entend régner. Absalom tète les mamelles de la nuit.
Des voix s’élèvent contre ce qu’elles dénoncent comme l’application du droit du sol. C’est pas parce que vous étiez ici il y a deux mille ans, qu’une fraction des vôtres est restée que vous devez rappliquer massivement. Si les descendants américains d’esclaves retournaient en Afrique, vous vous imaginez le bordel ? Mais d’un côté, vous avez raison d’avoir un peu tort car les Européens devraient déguerpir du Nouveau-Monde, le laisser à ses autochtones décimés, les Indiens. Anaïs, rien ne nous appartient. On appartient au vent. Les premiers occupants de la Palestine, ce sont les gazelles. Les panthères d’Arabie du désert du Neguev ont disparu dans les années 1980. Perte de leurs habitats, urbanisation, chasse. Les reines du désert de Judée se sont aussi éteintes. Leurs populations se meurent en Arabie Saoudite, au Yémen, à Oman. Falaises blanches, roches rougeoyantes des canyons, dents du passé dans le cratère, fennecs, serpents, bouquetins, loups, lézards, drapé lunaire, chaleur minérale, folie du vent, corne d’abondance et esthétique aride, géographie de prophètes, écriture reptilienne, lettres carrées pour ne pas tourner en rond dans le ventre de Dieu, enfants égarés dans la boue, oasis de perles noires. Sur des graffitis coufiques, moi, Absalom, je pose mes lèvres. Diététique arénicole, sonate en cailloux aromatiques. Les grandes puissances se partagent le gâteau moyen-oriental ; la colonisation européenne trace les frontières, fait et défait des régions, des peuples, berne les Arabes, les Juifs, les Druzes, les Bédouins, les Achomis, les Circassiens, les Doms, les animaux des déserts, instrumentalise les tribus, les souffrances héréditaires. La mer Morte contemple les manœuvres des autorités étrangères qui étranglent la région. Comment changer les envahisseurs en statues de sel ? Le Temple de Salomon s’anime dans le ciel. Anaïs, vois comme la terre tremble, mémoire à fleur de peau de la conquête musulmane, des Croisés chrétiens, de la domination mamelouke, de l’ère ottomane avant le mandat britannique, chaos de siècles d’occupation. Mohammed Amin al-Husseini, le Grand Mufti de Jérusalem, collabore avec les nazis, forme une division musulmane de la Waffen-SS, obtient d’Himmler de bloquer l’immigration juive en Palestine.
Anaïs, des psaumes montent des flots, si je t’oublie, Jérusalem, la beauté ocre de Yeroushalmi troue ma rétine secouée par la vision des germes de division entre frères ennemis, les foyers laïcs, l’esprit libre du kibboutz se heurtant à l’animosité des Juifs ultra-orthodoxes. Partout, toujours, les sans-dieu seront en butte aux gardiens de leur Dieu. Le fruit de l’arbre sémite s’est déjà divisé en deux peuples, en mille peuples, lesquels se scindent entre les areligieux et les théophiles. Des décennies plus tard, des fractures en miroir craquellent les corps, divisent les familles. Des frères autrefois amis, devenus ennemis, s’entredéchirent, la naissance du Hamas en 1987, la guerre qui éclate entre le mouvement nationaliste islamique du Hamas et le Fatah. De part et d’autre des deux peuples, la ligne de déchirement entre laïcs et religieux fondamentalistes se creuse, sillon entaillant la chair d’une région meurtrie par le vent furieux de l’Histoire, énervée par la tempête de cendres de la Shoah. Deux tiers des Juifs du monde entier ont survécu, rescapés dont personne ne veut, survivants qui encombrent. Où les foutre ? Où les parquer ? Pas ici, pas à Sion. Pas là-bas. Nulle part. Aucun pays ne désire se changer en terre d’asile pour les miraculés du zyklon B, des chambres à gaz.
Anaïs, le 29 novembre 1947, personne à l’ONU, personne dans le monde ne croit à la possibilité de créer un Etat juif, un Etat arabe et Jérusalem en zone internationale. Des millions d’yeux, d’oreilles collées aux écrans télévisés, aux postes de radio attendent le résultat. Improbable. Inespéré. Trente-trois pays votent « pour », treize « contre » et dix s’abstiennent. Les Palestiniens et les Arabes refusent la coexistence de deux Etats, le statut à part pour Jérusalem. Que les Juifs fondent Sion en Europe, sur les lieux de l’extermination, pas ici. Au milieu du XXème siècle, il y a encore des panthères, des Bédouins, des tessons nabatéens. 1947, annus mirabilis, la résurrection des manuscrits de Qumram, des parchemins de la mer Morte annonce celle d’Israël. Le 30 novembre, les tensions, les conflits explosent tandis que les Britanniques plient bagage. Bye bye Palestine. Résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations Unies, Israël sort de terre, les Palestiniens sont chassés des leurs, escomptent y revenir, la Nakba, la grande catastrophe enserre les fellahs, les familles palestiniennes. Les uns tentent de sortir de la nuit svastika. Les autres tombent dans une nuit infinie. Le temps fait la roue.
Dirigé par David Ben Gourion, l’Etat d’Israël naît le 14 mai 1948. La Ligue arabe lui déclare la guerre, offensives, massacres de populations juives, et, en miroir, massacres de populations palestiniennes chassées de leurs terres, massacres des civils de Kafr Qassem, des habitants de Qibya par la police israélienne, massacre des Juifs de Kfar Etzion, du convoi pour l’hôpital du Mont Scopus par des attaquants arabes, guerre psychomilitaire, guerre d’expulsion, préjudices, condamnation à l’exode de huit cent mille Palestiniens. Territoires évidés, remplacement d’une population par une autre. Sable bâillonnant les bouches. Dans le jeune Etat d’Israël, un Juif sur quatre est un survivant de la Shoah. Scorpions et fables du désert bleu. Villages palestiniens rasés, Deir Yassine réduit en cendres. Exode des Palestiniens vers la bande de Gaza, la Cisjordanie, le Liban, la Syrie, la Jordanie. Symétrie et loi du miroir. Silence des fortifications de Massada. Peurs obsidionales. Assiégés pendant des millénaires. Plus jamais ça. Exode de huit cent mille Juifs chassés des pays du Moyen-Orient, de Juifs Sépharades expulsés d’Afrique du Nord, se réfugiant souvent en Israël. Disparition des communautés juives des pays arabes et musulmans, de l’Afghanistan, du Pakistan qui les contraignent à l’émigration. Nécessité d’ériger une langue commune pour les Ashkénazes, les Sépharades, les Juifs d’Ethiopie, du Yemen parlant une foule d’idiomes. Camps de transit, familles juives désorientées fuyant la mort, hauts lettrés juifs venus d’Europe, analphabétisme de familles sépharades, paniques, baraquements, chocs des cultures, des classes sociales, fermes collectives, terre à bêcher, âmes en haillons, âmes bâtissant un pays à partir de rien, mépris et mise à l’écart des Juifs venant des pays arabes. Raids palestiniens, sabotages, ripostes israéliennes. Escalades. Des villes poussent, un nez, une oreille, puis tout le corps. Invasion israélienne du Sinaï avec les Français et les Britanniques, retrait du Sinaï. Procès Eichmann à Jérusalem durant un an. Chats sauvages dans le désért du Neguev où se retire Ben Gourion. Comment trouver sa place ? Juif errant, Palestinien errant, Palestinien prétexte pour l’unification du monde arabe. Levée des feddayins. Colons israéliens occupant des terres, des maisons, expulsant, lotissant, grignotant des hectares, évacuant Palestiniens, Bédouins. Spatiophagie. Le drame de l’humain c’est qu’il doit occuper un espace. Terrestre, aquatique, aérien. Il veut enfanter, se reproduire, inonder la planète. De part et d’autre. Affamer la terre, déforester car il faut pondre. Des deux côtés. Le drame, c’est que l’espace n’absalome pas dans l’infini. La faute de la tragédie incombe à l’entropie. Casus belli à répétition. Sirènes hurlantes. Thé à la menthe. Sauver sa peau. De part et d’autre. Ne pas se faire égorger. La Shoah continue. Angoisse d’anéantissement. Moshe Dayan prend l’Egypte de court. Guerre des Six Jours. Blindés, occupation. Grignoter du palpable. Attaquer avant d’être pris d’assaut. Alibi pour gagner des territoires, pour justifier les annexions. Mensonge d’Etat. Dessous des cartes. Danger réel, fantasmatique, manipulation, leurre ? Guerre du Kippour. Le jour de Yom Kippour, le jour du Grand Pardon, le 9 tishri. Les Egyptiens et les Syriens attaquent la péninsule du Sinaï, le plateau du Golan occupés par Israël. Frontières en sang. Jeûne brisé par les tanks et les missiles. Larmes versées sur les trente-six Justes cachés de chaque génération. Cessez-le-feu, cessez-la-mort. Cendres des Nombres sur le Tabernacle. Menaces nucléaires américaines et soviétiques. Aleph et tav gorges tranchées. Accords de Camp David. Egypte exclue de la Ligue arabe. Ailes des papillons du Neguev refermées sur les trente-six Justes. Assassinat de Sadate. Galop des esprits des pierres.
Anaïs, je t’épargne les conflits depuis 1948, les trêves, les embrasements succédant aux armistices, les règlements internationaux, les tractatations diplomatiques, je m’abstiens de te brosser les divisions à l’étranger entre Pro-Palestiniens modérés, radicaux et les pro-Israéliens nuancés, extrêmes, les mélanges de pro-contre, les girouettes. Je m’abstiens de te dépeindre les pro-paix, tous peuples confondus, les détracteurs de la politique d’Israël prise en otage par des nationalistes belliqueux soutenus par les ultra-orthodoxes. Je te prive du récit de la tragédie de la débandade de la gauche israélienne, du musèlement des grandes voix pacifistes, je ne te narrerai pas le raz-de-marée islamiste qui fragilise l’ancienne puissance du Fatah, les descendants d’Arafat passant de Marx à Mahomet.
Le fruit de l’arbre se scinde. Je jette des grains de sable sur mes phrases. Je ne t’encordeai pas dans un ballet de noms et d’images, l’organisation paramilitaire la Hagannah qui sécrète en 1931 la branche de l’Irgoun, droite sioniste qui inspirera le Likoud, Tsahal, Mossad, Jihad islamique palestinien, intifada, embargo, gazaouites écrasés, blocus et étranglement de la bande de Gaza, apartheid en Cisjordanie, charte du Hamas assise sur la destruction de l’Etat d’Israël, volonté de l’Iran de rayer Israël de la carte, enfants palestiniens privés de tout, agonisant sous les frappes aériennes, volonté de certains que rien ne change, tirs de roquettes interceptés par le Dôme de Fer, accords d’Oslo bafoués par les extrémistes, par les affolés des deux camps, des mille camps, traumatismes transgénérationnels de part et d’autre, populations appelant à la paix, prises en otage par les politiques. Les Juifs se sont laissés mener à l’abattoir sous le nazisme a-t-on répété, les descendants ne se laisseront plus jamais faire, se défendront becs et ongles, armes sans circoncision, un tiers de sa population mondiale massacrée, plus jamais ça, stratégies offensives et meurtrières pour ne plus subir d’extermination, on est revenus de l’enfer, certains pays arabes veulent nous y replonger, personne ne pensait qu’Israël allait survivre, on lui promettait une espérance de vie d’une décennie. Le cynisme de la géopolitique avait besoin d’un bastion-satellite américain au Proche-Orient, les Juifs et les Palestiniens, on s’en contre-fiche, make-up grossier ourdi par les grandes puissances. La Terre promise, c’est du pétrole, du gaz naturel, le mur des Lamentations, on le convertit en barils d’or noir, la Terre promise, c’est un contrôle de la région, un barrage face aux Soviétiques, face à l’Iran. Dommage qu’il y ait des humains, des chameaux, des oiseaux. S’il n’y avait que des oléoducs, des forages, ce serait plus simple, plus rentable… Pour certains historiens postsionistes, il n’y a pas de peuple juif, il n’y a pas de tribus, pas même de populations palestiniennes. Tout ça, rien que des grandes orgues nationalistes, des montages mythiques, des constructions théologiques dont ils sont les messies décontructeurs. Ceux qui nous dessillent rendent le monde aux vapeurs du rêve. Il n’y a eu que des conversions. Comment l’Europe fut-elle inventée, combien la barbe de l’Histoire est mitée, le scalpel des nouveaux historiens, prophètes du rien, le révélera.
Anaïs, au bereshit, au commencement, il n’y avait rien. Dans tes cheveux, je ne glisserai pas de pain azyme. Sur les flots, l’étoile de David dans une couverture de Bédouins, des hadith noués aux psaumes. A jamais écarter les tephillin des flammes. Les larmes des ânes, des dromadaires éclaboussent le front des anges. Au cou des nuages, un exemplaire brodé des Palmiers sauvages, le whisky de Faulkner sur un air klezmer « Si je t’oublie Jérusalem », un sanctuaire pour les sans-synagogues, pour les synagogues de sang, un chariot parlant yiddish attend le joueur de clarinette.
Djinns et dibbouks dans des grottes blanches, chevelure de Sulamith sur les marches de la Knesset… Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite se déssèche…
Beauté casher des femmes du retour d’exil, si je t’oublie, Anaïs, que le Lac Tibériade me noie, roseaux de Sodome, fleurs de vigne de Gomorrhe, minorité des Juifs haredim reniant l’Etat impie d’Israël, priant pour sa ruine. Dieu craint-il ceux qui le craignent ? Extase des hassidim, déclin des oiseaux migrateurs à Eilat et ma main qui garde la mémoire de tes formes. Sur ta diapora psychique je te crucifie, Anaïs, mon lynx du désert, mon caracal qui caracole hors du schéol, dans les bras de goys, en quête de diamants liquides cachés dans les mines de ton enfance.
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par Véronique Berguen. Extrait d’un roman en cours
Je montre les crocs, pousse des grognements aussi puissants que ceux que je réservais aux forces de l’ordre. On nous a surnommés riot dogs, chiens d’émeute. C’est comique, la presse nous a tous mélangés, Kanellos, Thodoris, Loukanikos, cafouillis dans les chiens agitateurs, en 2011, le Time m’a élu dans le top des cent personnalités de l’année.
« L’œil croit avoir tout vu, les sens se pensent à l’abri d’une effraction intempestive. C’est cette certitude d’un apprivoisement de ce qui est qui vole en éclats lorsqu’on pénètre dans l’univers de la jeune photographe Sadie von Paris, qui est aussi autoportraitiste, modèle, poète. Comme une descente mentale dans les plis de son monde. Le choc de l’ébranlement produit par le double registre du visible et du verbe creusé par Sadie déracine, ne laisse pas indemne. » V. Bergen
Docteur en philosophie, Véronique Bergen est l’auteur d’essais sur la philosophie contemporaine, de romans et de recueils de poèmes ; elle est membre du comité de la revue Lignes. Elle a notamment publié L’Ontologie de Gilles Deleuze ; Résistances philosophiques ; Aujourd’hui la révolution et Fragments d’Ulrike M. Véronique Bergen vient de publier un ouvrage de facture philosophique aux éditions Lignes « Le corps glorieux de la Top-modèle » et un ouvrage de facture littéraire « Edie. La danse d’Icare » aux éditions Al Dante
par Véronique Bergen.
Extrait d’Edie. La danse d’Icare, qui sort aux Editions Al Dante en septembre 2013.
Je m’appelle Edie Superstar. Je prononce très vite “Edie” car dans mon prénom il y a “die”, “mourir”. Je m’appelle Edith Minturn Sedgwick mais on me surnomme “girl on fire”. Devant le miroir, je vois se lever l’Edie de l’année 1955, mes douze ans me sauter au visage. Mais la voix que recueille un magnétophone prêt jour et nuit à enregistrer mes délires est celle de mes six ans.
par Véronique Bergen. Extrait d’un roman inédit, Le Cri de la poupée.
Je ne vais pas bien car il n’y a que deux sexes, plus une pincée d’hermaphrodites. S’il en avait eu sept, j’en aurais goûté un chaque jour de la semaine.
par Véronique Bergen.
Je m’appelle Hélène, Hélène simulacre.com. Mon histoire sent la pluie du Péloponnèse, l’Asie Mineure, la mort en conserve, la vie en surgelé. Au moins bon de ma forme, je pratique une existence sur deux colonnes, sans ça, milk-shakant les siècles, les continents, je superpose avec brio ma vie et celle de la belle Hélène. Moi, Hélène, la poupée somnambule, je suis née pour déclencher la guerre.
ABSALOM
Véronique Bergen
Extrait d’un roman en cours, Ecume.
Image : Nicolas Vermeulin
Anaïs, je ne t’ai jamais révélé mon deuxième prénom. Accolé à Ismaël. Immortalisé par Faulkner. Celui d’un des fils de David, celui du plus bel homme du royaume, qui ordonna à ses domestiques de tuer son demi-frère Amnon pour avoir violé sa sœur Tamar, qui se ligua contre son père. Absalom. Dans l’épaisseur de mon deuxième prénom, je m’enfonce. Le grand mariage de l’être et de la nuit est informe.
L’océan apaise mes blessures, les plaies de la Terre deux fois promise, une fois pour Israël, une fois pour la Palestine. L’océan me narre sous des couleurs mythiques le rêve sioniste et laïc de Theodor Herzl. Fabuleuse énergie et grandeur visionnaire de l’élan pour échapper aux pogroms, aux persécutions millénaires, aveuglement de cet idéal porté par la formule « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » car peuple palestinien il y avait, vivant en harmonie aux côtés d’une minorité de Juifs, œil cousu car peuples il y avait sur un sol où planent les ombres des Philistins, des Israélites, où cognent les mânes des Cananéens, les cris des Juifs déportés à Babylone par Nabuchodonosor. Au milieu du Pacifique, j’entends les cris de joie des fondateurs des premiers kibboutzim dès les années 1908 dans une Palestine ottomane, j’entends les chants des pionniers de Degania, la mère des communautés laïques, prônant l’égalité des sexes, l’égalité de la mer et du désert, des étoiles filantes et des astres fixes. Dans la vallée du Jourdain, naissent des collectifs irrigués par l’anarchisme, fondés par des Juifs venus de Roumanie, de Russie, fuyant les pogroms, les pillages, les massacres. Le rêve d’une fin de la diaspora, d’un coup d’arrêt à l’antisémitisme immémorial prend forme. Décision de la Société des Nations, la Palestine passe sous mandat britannique. Les immigrants roumains plongent leurs mains dans l’huile des oliviers, foulent la terre brûlante d’Oum-Ghouni dont parle la Mishna.
Anaïs, imagine. Sur le Mont des Oliviers, sur le tombeau de Maïmonide près du lac de Tibériade, des chats des sables se prélassent. Les mains des fondateurs du kibboutz Degania plantent des idées, des légumineuses, des comètes, construisent un anti-destin. Le Britannique Lord Balfour soutient la création d’un foyer national juif. Duplicité des Anglais, manœuvres coloniales, fallacieuses promesses aux Juifs, aux Palestiniens, les monter les uns contre les autres. L’heure n’est pas encore aux mirages d’une rosée messianique, d’une lumière coranique. Absalom, au fond d’un puits, jeûne. Les mains fouillent la terre à la recherche du deuxième soleil. La politique, c’est du cynisme culinaire. La France revendique un mandat sur le Liban et la Syrie, avide de coloniser un territoire sur lequel le roi Fayçal entend régner. Absalom tète les mamelles de la nuit.
Des voix s’élèvent contre ce qu’elles dénoncent comme l’application du droit du sol. C’est pas parce que vous étiez ici il y a deux mille ans, qu’une fraction des vôtres est restée que vous devez rappliquer massivement. Si les descendants américains d’esclaves retournaient en Afrique, vous vous imaginez le bordel ? Mais d’un côté, vous avez raison d’avoir un peu tort car les Européens devraient déguerpir du Nouveau-Monde, le laisser à ses autochtones décimés, les Indiens. Anaïs, rien ne nous appartient. On appartient au vent. Les premiers occupants de la Palestine, ce sont les gazelles. Les panthères d’Arabie du désert du Neguev ont disparu dans les années 1980. Perte de leurs habitats, urbanisation, chasse. Les reines du désert de Judée se sont aussi éteintes. Leurs populations se meurent en Arabie Saoudite, au Yémen, à Oman. Falaises blanches, roches rougeoyantes des canyons, dents du passé dans le cratère, fennecs, serpents, bouquetins, loups, lézards, drapé lunaire, chaleur minérale, folie du vent, corne d’abondance et esthétique aride, géographie de prophètes, écriture reptilienne, lettres carrées pour ne pas tourner en rond dans le ventre de Dieu, enfants égarés dans la boue, oasis de perles noires. Sur des graffitis coufiques, moi, Absalom, je pose mes lèvres. Diététique arénicole, sonate en cailloux aromatiques. Les grandes puissances se partagent le gâteau moyen-oriental ; la colonisation européenne trace les frontières, fait et défait des régions, des peuples, berne les Arabes, les Juifs, les Druzes, les Bédouins, les Achomis, les Circassiens, les Doms, les animaux des déserts, instrumentalise les tribus, les souffrances héréditaires. La mer Morte contemple les manœuvres des autorités étrangères qui étranglent la région. Comment changer les envahisseurs en statues de sel ? Le Temple de Salomon s’anime dans le ciel. Anaïs, vois comme la terre tremble, mémoire à fleur de peau de la conquête musulmane, des Croisés chrétiens, de la domination mamelouke, de l’ère ottomane avant le mandat britannique, chaos de siècles d’occupation. Mohammed Amin al-Husseini, le Grand Mufti de Jérusalem, collabore avec les nazis, forme une division musulmane de la Waffen-SS, obtient d’Himmler de bloquer l’immigration juive en Palestine.
Anaïs, des psaumes montent des flots, si je t’oublie, Jérusalem, la beauté ocre de Yeroushalmi troue ma rétine secouée par la vision des germes de division entre frères ennemis, les foyers laïcs, l’esprit libre du kibboutz se heurtant à l’animosité des Juifs ultra-orthodoxes. Partout, toujours, les sans-dieu seront en butte aux gardiens de leur Dieu. Le fruit de l’arbre sémite s’est déjà divisé en deux peuples, en mille peuples, lesquels se scindent entre les areligieux et les théophiles. Des décennies plus tard, des fractures en miroir craquellent les corps, divisent les familles. Des frères autrefois amis, devenus ennemis, s’entredéchirent, la naissance du Hamas en 1987, la guerre qui éclate entre le mouvement nationaliste islamique du Hamas et le Fatah. De part et d’autre des deux peuples, la ligne de déchirement entre laïcs et religieux fondamentalistes se creuse, sillon entaillant la chair d’une région meurtrie par le vent furieux de l’Histoire, énervée par la tempête de cendres de la Shoah. Deux tiers des Juifs du monde entier ont survécu, rescapés dont personne ne veut, survivants qui encombrent. Où les foutre ? Où les parquer ? Pas ici, pas à Sion. Pas là-bas. Nulle part. Aucun pays ne désire se changer en terre d’asile pour les miraculés du zyklon B, des chambres à gaz.
Anaïs, le 29 novembre 1947, personne à l’ONU, personne dans le monde ne croit à la possibilité de créer un Etat juif, un Etat arabe et Jérusalem en zone internationale. Des millions d’yeux, d’oreilles collées aux écrans télévisés, aux postes de radio attendent le résultat. Improbable. Inespéré. Trente-trois pays votent « pour », treize « contre » et dix s’abstiennent. Les Palestiniens et les Arabes refusent la coexistence de deux Etats, le statut à part pour Jérusalem. Que les Juifs fondent Sion en Europe, sur les lieux de l’extermination, pas ici. Au milieu du XXème siècle, il y a encore des panthères, des Bédouins, des tessons nabatéens. 1947, annus mirabilis, la résurrection des manuscrits de Qumram, des parchemins de la mer Morte annonce celle d’Israël. Le 30 novembre, les tensions, les conflits explosent tandis que les Britanniques plient bagage. Bye bye Palestine. Résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations Unies, Israël sort de terre, les Palestiniens sont chassés des leurs, escomptent y revenir, la Nakba, la grande catastrophe enserre les fellahs, les familles palestiniennes. Les uns tentent de sortir de la nuit svastika. Les autres tombent dans une nuit infinie. Le temps fait la roue.
Dirigé par David Ben Gourion, l’Etat d’Israël naît le 14 mai 1948. La Ligue arabe lui déclare la guerre, offensives, massacres de populations juives, et, en miroir, massacres de populations palestiniennes chassées de leurs terres, massacres des civils de Kafr Qassem, des habitants de Qibya par la police israélienne, massacre des Juifs de Kfar Etzion, du convoi pour l’hôpital du Mont Scopus par des attaquants arabes, guerre psychomilitaire, guerre d’expulsion, préjudices, condamnation à l’exode de huit cent mille Palestiniens. Territoires évidés, remplacement d’une population par une autre. Sable bâillonnant les bouches. Dans le jeune Etat d’Israël, un Juif sur quatre est un survivant de la Shoah. Scorpions et fables du désert bleu. Villages palestiniens rasés, Deir Yassine réduit en cendres. Exode des Palestiniens vers la bande de Gaza, la Cisjordanie, le Liban, la Syrie, la Jordanie. Symétrie et loi du miroir. Silence des fortifications de Massada. Peurs obsidionales. Assiégés pendant des millénaires. Plus jamais ça. Exode de huit cent mille Juifs chassés des pays du Moyen-Orient, de Juifs Sépharades expulsés d’Afrique du Nord, se réfugiant souvent en Israël. Disparition des communautés juives des pays arabes et musulmans, de l’Afghanistan, du Pakistan qui les contraignent à l’émigration. Nécessité d’ériger une langue commune pour les Ashkénazes, les Sépharades, les Juifs d’Ethiopie, du Yemen parlant une foule d’idiomes. Camps de transit, familles juives désorientées fuyant la mort, hauts lettrés juifs venus d’Europe, analphabétisme de familles sépharades, paniques, baraquements, chocs des cultures, des classes sociales, fermes collectives, terre à bêcher, âmes en haillons, âmes bâtissant un pays à partir de rien, mépris et mise à l’écart des Juifs venant des pays arabes. Raids palestiniens, sabotages, ripostes israéliennes. Escalades. Des villes poussent, un nez, une oreille, puis tout le corps. Invasion israélienne du Sinaï avec les Français et les Britanniques, retrait du Sinaï. Procès Eichmann à Jérusalem durant un an. Chats sauvages dans le désért du Neguev où se retire Ben Gourion. Comment trouver sa place ? Juif errant, Palestinien errant, Palestinien prétexte pour l’unification du monde arabe. Levée des feddayins. Colons israéliens occupant des terres, des maisons, expulsant, lotissant, grignotant des hectares, évacuant Palestiniens, Bédouins. Spatiophagie. Le drame de l’humain c’est qu’il doit occuper un espace. Terrestre, aquatique, aérien. Il veut enfanter, se reproduire, inonder la planète. De part et d’autre. Affamer la terre, déforester car il faut pondre. Des deux côtés. Le drame, c’est que l’espace n’absalome pas dans l’infini. La faute de la tragédie incombe à l’entropie. Casus belli à répétition. Sirènes hurlantes. Thé à la menthe. Sauver sa peau. De part et d’autre. Ne pas se faire égorger. La Shoah continue. Angoisse d’anéantissement. Moshe Dayan prend l’Egypte de court. Guerre des Six Jours. Blindés, occupation. Grignoter du palpable. Attaquer avant d’être pris d’assaut. Alibi pour gagner des territoires, pour justifier les annexions. Mensonge d’Etat. Dessous des cartes. Danger réel, fantasmatique, manipulation, leurre ? Guerre du Kippour. Le jour de Yom Kippour, le jour du Grand Pardon, le 9 tishri. Les Egyptiens et les Syriens attaquent la péninsule du Sinaï, le plateau du Golan occupés par Israël. Frontières en sang. Jeûne brisé par les tanks et les missiles. Larmes versées sur les trente-six Justes cachés de chaque génération. Cessez-le-feu, cessez-la-mort. Cendres des Nombres sur le Tabernacle. Menaces nucléaires américaines et soviétiques. Aleph et tav gorges tranchées. Accords de Camp David. Egypte exclue de la Ligue arabe. Ailes des papillons du Neguev refermées sur les trente-six Justes. Assassinat de Sadate. Galop des esprits des pierres.
Anaïs, je t’épargne les conflits depuis 1948, les trêves, les embrasements succédant aux armistices, les règlements internationaux, les tractatations diplomatiques, je m’abstiens de te brosser les divisions à l’étranger entre Pro-Palestiniens modérés, radicaux et les pro-Israéliens nuancés, extrêmes, les mélanges de pro-contre, les girouettes. Je m’abstiens de te dépeindre les pro-paix, tous peuples confondus, les détracteurs de la politique d’Israël prise en otage par des nationalistes belliqueux soutenus par les ultra-orthodoxes. Je te prive du récit de la tragédie de la débandade de la gauche israélienne, du musèlement des grandes voix pacifistes, je ne te narrerai pas le raz-de-marée islamiste qui fragilise l’ancienne puissance du Fatah, les descendants d’Arafat passant de Marx à Mahomet.
Le fruit de l’arbre se scinde. Je jette des grains de sable sur mes phrases. Je ne t’encordeai pas dans un ballet de noms et d’images, l’organisation paramilitaire la Hagannah qui sécrète en 1931 la branche de l’Irgoun, droite sioniste qui inspirera le Likoud, Tsahal, Mossad, Jihad islamique palestinien, intifada, embargo, gazaouites écrasés, blocus et étranglement de la bande de Gaza, apartheid en Cisjordanie, charte du Hamas assise sur la destruction de l’Etat d’Israël, volonté de l’Iran de rayer Israël de la carte, enfants palestiniens privés de tout, agonisant sous les frappes aériennes, volonté de certains que rien ne change, tirs de roquettes interceptés par le Dôme de Fer, accords d’Oslo bafoués par les extrémistes, par les affolés des deux camps, des mille camps, traumatismes transgénérationnels de part et d’autre, populations appelant à la paix, prises en otage par les politiques. Les Juifs se sont laissés mener à l’abattoir sous le nazisme a-t-on répété, les descendants ne se laisseront plus jamais faire, se défendront becs et ongles, armes sans circoncision, un tiers de sa population mondiale massacrée, plus jamais ça, stratégies offensives et meurtrières pour ne plus subir d’extermination, on est revenus de l’enfer, certains pays arabes veulent nous y replonger, personne ne pensait qu’Israël allait survivre, on lui promettait une espérance de vie d’une décennie. Le cynisme de la géopolitique avait besoin d’un bastion-satellite américain au Proche-Orient, les Juifs et les Palestiniens, on s’en contre-fiche, make-up grossier ourdi par les grandes puissances. La Terre promise, c’est du pétrole, du gaz naturel, le mur des Lamentations, on le convertit en barils d’or noir, la Terre promise, c’est un contrôle de la région, un barrage face aux Soviétiques, face à l’Iran. Dommage qu’il y ait des humains, des chameaux, des oiseaux. S’il n’y avait que des oléoducs, des forages, ce serait plus simple, plus rentable… Pour certains historiens postsionistes, il n’y a pas de peuple juif, il n’y a pas de tribus, pas même de populations palestiniennes. Tout ça, rien que des grandes orgues nationalistes, des montages mythiques, des constructions théologiques dont ils sont les messies décontructeurs. Ceux qui nous dessillent rendent le monde aux vapeurs du rêve. Il n’y a eu que des conversions. Comment l’Europe fut-elle inventée, combien la barbe de l’Histoire est mitée, le scalpel des nouveaux historiens, prophètes du rien, le révélera.
Anaïs, au bereshit, au commencement, il n’y avait rien. Dans tes cheveux, je ne glisserai pas de pain azyme. Sur les flots, l’étoile de David dans une couverture de Bédouins, des hadith noués aux psaumes. A jamais écarter les tephillin des flammes. Les larmes des ânes, des dromadaires éclaboussent le front des anges. Au cou des nuages, un exemplaire brodé des Palmiers sauvages, le whisky de Faulkner sur un air klezmer « Si je t’oublie Jérusalem », un sanctuaire pour les sans-synagogues, pour les synagogues de sang, un chariot parlant yiddish attend le joueur de clarinette.
Djinns et dibbouks dans des grottes blanches, chevelure de Sulamith sur les marches de la Knesset… Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite se déssèche…
Beauté casher des femmes du retour d’exil, si je t’oublie, Anaïs, que le Lac Tibériade me noie, roseaux de Sodome, fleurs de vigne de Gomorrhe, minorité des Juifs haredim reniant l’Etat impie d’Israël, priant pour sa ruine. Dieu craint-il ceux qui le craignent ? Extase des hassidim, déclin des oiseaux migrateurs à Eilat et ma main qui garde la mémoire de tes formes. Sur ta diapora psychique je te crucifie, Anaïs, mon lynx du désert, mon caracal qui caracole hors du schéol, dans les bras de goys, en quête de diamants liquides cachés dans les mines de ton enfance.
///////// Autres documents
LOUKANIKOS
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Je montre les crocs, pousse des grognements aussi puissants que ceux que je réservais aux forces de l’ordre. On nous a surnommés riot dogs, chiens d’émeute. C’est comique, la presse nous a tous mélangés, Kanellos, Thodoris, Loukanikos, cafouillis dans les chiens agitateurs, en 2011, le Time m’a élu dans le top des cent personnalités de l’année.
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« L’œil croit avoir tout vu, les sens se pensent à l’abri d’une effraction intempestive. C’est cette certitude d’un apprivoisement de ce qui est qui vole en éclats lorsqu’on pénètre dans l’univers de la jeune photographe Sadie von Paris, qui est aussi autoportraitiste, modèle, poète. Comme une descente mentale dans les plis de son monde. Le choc de l’ébranlement produit par le double registre du visible et du verbe creusé par Sadie déracine, ne laisse pas indemne. » V. Bergen
La gloire des apparences, entretien avec Véronique Bergen
Docteur en philosophie, Véronique Bergen est l’auteur d’essais sur la philosophie contemporaine, de romans et de recueils de poèmes ; elle est membre du comité de la revue Lignes. Elle a notamment publié L’Ontologie de Gilles Deleuze ; Résistances philosophiques ; Aujourd’hui la révolution et Fragments d’Ulrike M. Véronique Bergen vient de publier un ouvrage de facture philosophique aux éditions Lignes « Le corps glorieux de la Top-modèle » et un ouvrage de facture littéraire « Edie. La danse d’Icare » aux éditions Al Dante
Le Dieu de l’Olympe
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