Amandine André / Sergei Loznitsa

Correspondances fantômes

Amandine André invite Liliane Giraudon & Nathanaël
Discussions et lectures
archive déc 2013, Manifesten, Marseille

Nathanaël vit à Chicago – traduit – a écrit plusieurs livres : Carnet de somme, Carnet de délibérations, Carnet de désaccords chez Le Quartanier & aussi L’injure, L’absence au lieu, Sotto l’immagine et L’heure Limicole chez Fidel anthelme x éditions

Liliane Giraudon vit à Marseille – a écrit plusieurs livres – a réalisé plusieurs revues : Banana Split, If… A publié La Sphinge mange cru chez Al Dante, Le garçon cousu, l’amour est plus froid que le Lac, Les Pénétrables chez P.O.L.

Sommaire de la discussion
deux écritures peuplées de fantômes – la correspondance – la consolation – la violence de la langue – la différence entre le Français et l’Anglais – le corps de la langue, l’incorporation – que peut la littérature ? – le rapport à la lecture – se faire un corps, le corps étendu des œuvres – le genre dans la langue du Français à l’Anglais, de l’Anglais au Français – la morale sexuelle des surréalistes
Les peuplements de leurs écrits > Walter Benjamin, Ingeborg Bergman, Danielle Collobert, Djuna Barnes
Musiques > Pascal Le Gall / eRikm

Le travail du texte chez Nathanaël fraie dans l’écrit par la marge, cherche une existence écrite qui ne répondrait pas à l’assignation d’une identité, toujours close, excluante et morbide. Comment vivre et écrire dans le trouble avec une grammaire qui ordonne, comment faire avec cette grammaire sans répondre à l’injonction d’une catégorie. Nathanaël produit un JE en devenir et non pas un JE parlant depuis le culte de l’origine. La notion de trouble ne s’attachant pas à ce qui n’est pas partageable mais plutôt à ce qui se déplace selon le mouvement de la vie. Écart de soi à soi, l’autre.

« Que réponde à cela si ce n’est que je maintiens ici, en ce lieu où je suis, en ce livre où je fuis le droit au désordre. Ne voulant pas perpétuer l’absolutisme du sang, ni l’organisation, la systématisation des rapports humains, des sens et des pulsions, mais suggérer que le désordre issu d’une irréparable ouverte dans la matière – élusive, fuyante – qu’est le moi, le JE évoqué plus haut, mène à des rencontres fortuites, à la fois révolues et insistantes, qui opèrent tout à la fois la matérialisation, la déstabilisation et la désintégration du lieu que l’on peut penser définitif, des lignes – architecturales, corporelles, géographiques, langagières, sexuelles – que l’on voudrait définies ; de la matière, en somme, immatérielle, fugitive et imbue. Car – et j’y reviendrai – le fatalisme qui gère ces frontières artificielles érigées entre les êtres et les choses, les êtres et les mots, qui bordent les sens et délimitent les territoires, eux-même affectés, est gorgé d’agressivité et n’a qu’un seul mot à la bouche : non. » L’absence de lieu (Claude Cahun et le livre inouvert)

Liliane Giraudon travaille sur le trivial et le poétique, désorganise le champ poétique en expulsant le poème vers l’image, le dessin, et en impulsant le poème par des personnes personnage, retenant de ce mot, parler à travers. Atelier dit-elle, effectivement la transformation du champ se réalise par la récolte de matériaux issu de la vie quotidienne, de sa bibliothèque, mélangeant vies illustres et vies minuscules, un même plan, perte du corps d’énonciation pour un corps commun, jamais venu, corps collectif qui se tient dans un texte et circule à sa manière de travers, accidentée. Permutation des genres, collage et montage il s’agit toujours de fabriquer

« La mort travaille sous nos yeux. Inséparée de la vie Pascal a raison “le dernier acte est sanglant” et il ajoute de manière superbe “on jette la terre sur la tête et en voilà pour jamais”. La formule “en voilà pour jamais” j’en rêve depuis qu’enfant je l’ai lue ou plutôt entendue dans la bouche d’une nonne qui nous lisait Pascal à l’étude du soir… »

 

 

 

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