Extrait d’un récit à venir, Renverse.
par Amandine André
la cendre et l’air unifiés, c’est pour cela que je suis venu et que je vais encore venir et te poussant te voilà adossée au mur gris dans lequel reste encore un bleu ancien, le poids des épaules descend dans le bassin et t’abaisse un peu plus vers le sol aussi tes yeux croisent une fente dans laquelle le mur se prend et se divise selon ses courbes et ses arrêts, c’était il y a tellement longtemps, la chair, et la chair recouvrant la chair et ses bras te prennent à l’endroit du bassin et ton corps se renverse, les épaules s’en retournent à la tête pendant que ses mains ouvrent le bas de ton corps et ouvrent jusqu’à ce que son sexe entre dans ton sexe avec le jour cru et la brume du dehors, tant de femmes et tant d’hommes traversant et mêlant ta chair à leur chair sans que cela ne te rende ni à toi-même ni à tous les autres, sans que cela ne fasse de ton corps tous les corps ni un corps à la mesure de ton corps à faire seulement que ton corps se confonde un peu plus, s’absente un peu plus à l’absence, seulement à faire que ton corps se forme et se déforme sous la poussée de tous les autres et tu glisses ton doigt dans le trou de la fente et s’y glissant c’est aussi le mettre dans toutes les fentes et c’est le mettre dans son cul et tu mets le doigts aussi bien dans le trou de la fente que dans le trou de son cul et tu occupes de tes doigts et le mur et son cul ne laissant seul et vide ni l’un ni l’autre ne laissant rien jusqu’à la bouche que tu resserres de ton doigt, ne laissant ni le cul pour la bouche ni la bouche pour le cul mais traversant tous les orifices pour y passer un peu plus pour y faire passer tout ce que le corps permet de faire passer et tu passes partout où passer est possible jusqu’à faire céder tout ce qui de ces corps résistait jusqu’à ce que la peau se déchire sous tes doigts voudraient encore où se fourrer et encore pendant que ta jambe droite de même que la gauche hissée à son bas ventre et lui maintenant l’une l’autre jusqu’à ce que les relevant il replie sous elles sa tête et ses lèvres sur ton sexe s’ouvrant à sa bouche que sa langue relève et c’est à sa langue et à sa bouche que tu cèdes sa bouche et sa langue levant cet endroit du corps pour y faire un milieu dans lequel passent toutes les bouches et toutes les langues ouvrant toutes les bouches pour un noir sans fond et dans lequel tu passes et y passant tu tombes et dans lequel tomber fait si peur d’y descendre dans ce noir là où le regard s’arrête à lui-même tu y descends pourtant par cette langue qui échappe à la bouche et conduit vers le fond de ta misère dit-il trouvera enfin où se perdre et te confondre, sa bouche pleine de sa langue s’étend dans ton sexe et te pousse un peu plus dans le sol, et ton corps que tu rends que tu rends à sa bouche grande de toutes les bouches qui ont poussé par ce milieu et ton corps diminué par toutes les bouches successives et anciennes que tu lui rends par sa bouche et qu’il reçoit sans réfraction, ton corps issu de tous les sexes pour emplir sa bouche si petite pour ton corps que tu rends à ce milieu par lequel poussent tous les corps et tous les sexes et ton corps et son corps chacun chutant et chaque fois chutant avec un peu plus de poids et un peu plus d’absence sans plus savoir qui de lui ou de toi du sexe ou de la bouche s’ouvre infiniment agrandi par tous les sexes et toutes les bouches et se referme soudain avec la nuit qui s’ouvre un peu plus et c’est à la nuit que ton corps et son corps finissent par se rendre quand sa bouche se retire et se remet à l’endroit du visage quand le visage même ne résiste plus à la nuit qui se propage et le dilate comme elle dilate toutes formes sur son étendue et courbe tout corps à toutes choses indifféremment quand finalement se rendre n’est plus possible parce que la nuit a dérobé toute forme pour une chair obscure et qui se développe indifféremment sur le monde disparaissant aussi sous cette peau, il n’y a bientôt plus ni haut ni bas à faire que tu puisses encore te relever avec lui et cependant il y a encore des gestes à faire que tu l’orientes maintenant vers ton corps et qu’à ton corps il se joigne et tu le prends alors et le prendre alors est aussi prendre tous les hommes et c’est tous les hommes que tu prends et que tu veux et que tu fais venir dans son corps et que tu ouvres quand bien même la nuit te serre et me serre à tous les corps parce que la nuit ne tombe pas et qu’il n’y a que les corps à faire en sorte qu’ils tombent quand la nuit ne fait que passer tandis que les corps chutent seuls sans savoir si le jour reviendra et rendra la chair aux os, les cheveux à la tête, le pieds de l’un quittant l’autre pour lui-même et s’en remettant à la jambe et rendant le bleu ancien au gris mais la nuit ne prend rien elle ne fait que passer et son obscurité n’est que la position terrestre à laquelle se penche la chair et l’effroi n’est que la position dans laquelle tu le laisses étendu sur le sol sa jambe remontée jusqu’à la poitrine par dessus l’autre jambe pendant que tu te tiens encore accroupie il te regarde comme depuis des siècles regardent les jeunes filles leur amant c’est toute la jeune fille qu’il redresse en lui et montre tantôt dans ses yeux tantôt sur ses hanches que tu tiens crois-tu quand elles te tiennent et te lient à elles déjà au loin la mer continue sa plainte et tu sombres dans le sommeil emportant le monde sombre aussi
Amandine André
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Renverse (I)
Renverse (II)
Extrait d’un récit à venir, Renverse.
par Amandine André
la cendre et l’air unifiés, c’est pour cela que je suis venu et que je vais encore venir et te poussant te voilà adossée au mur gris dans lequel reste encore un bleu ancien, le poids des épaules descend dans le bassin et t’abaisse un peu plus vers le sol aussi tes yeux croisent une fente dans laquelle le mur se prend et se divise selon ses courbes et ses arrêts, c’était il y a tellement longtemps, la chair, et la chair recouvrant la chair et ses bras te prennent à l’endroit du bassin et ton corps se renverse, les épaules s’en retournent à la tête pendant que ses mains ouvrent le bas de ton corps et ouvrent jusqu’à ce que son sexe entre dans ton sexe avec le jour cru et la brume du dehors, tant de femmes et tant d’hommes traversant et mêlant ta chair à leur chair sans que cela ne te rende ni à toi-même ni à tous les autres, sans que cela ne fasse de ton corps tous les corps ni un corps à la mesure de ton corps à faire seulement que ton corps se confonde un peu plus, s’absente un peu plus à l’absence, seulement à faire que ton corps se forme et se déforme sous la poussée de tous les autres et tu glisses ton doigt dans le trou de la fente et s’y glissant c’est aussi le mettre dans toutes les fentes et c’est le mettre dans son cul et tu mets le doigts aussi bien dans le trou de la fente que dans le trou de son cul et tu occupes de tes doigts et le mur et son cul ne laissant seul et vide ni l’un ni l’autre ne laissant rien jusqu’à la bouche que tu resserres de ton doigt, ne laissant ni le cul pour la bouche ni la bouche pour le cul mais traversant tous les orifices pour y passer un peu plus pour y faire passer tout ce que le corps permet de faire passer et tu passes partout où passer est possible jusqu’à faire céder tout ce qui de ces corps résistait jusqu’à ce que la peau se déchire sous tes doigts voudraient encore où se fourrer et encore pendant que ta jambe droite de même que la gauche hissée à son bas ventre et lui maintenant l’une l’autre jusqu’à ce que les relevant il replie sous elles sa tête et ses lèvres sur ton sexe s’ouvrant à sa bouche que sa langue relève et c’est à sa langue et à sa bouche que tu cèdes sa bouche et sa langue levant cet endroit du corps pour y faire un milieu dans lequel passent toutes les bouches et toutes les langues ouvrant toutes les bouches pour un noir sans fond et dans lequel tu passes et y passant tu tombes et dans lequel tomber fait si peur d’y descendre dans ce noir là où le regard s’arrête à lui-même tu y descends pourtant par cette langue qui échappe à la bouche et conduit vers le fond de ta misère dit-il trouvera enfin où se perdre et te confondre, sa bouche pleine de sa langue s’étend dans ton sexe et te pousse un peu plus dans le sol, et ton corps que tu rends que tu rends à sa bouche grande de toutes les bouches qui ont poussé par ce milieu et ton corps diminué par toutes les bouches successives et anciennes que tu lui rends par sa bouche et qu’il reçoit sans réfraction, ton corps issu de tous les sexes pour emplir sa bouche si petite pour ton corps que tu rends à ce milieu par lequel poussent tous les corps et tous les sexes et ton corps et son corps chacun chutant et chaque fois chutant avec un peu plus de poids et un peu plus d’absence sans plus savoir qui de lui ou de toi du sexe ou de la bouche s’ouvre infiniment agrandi par tous les sexes et toutes les bouches et se referme soudain avec la nuit qui s’ouvre un peu plus et c’est à la nuit que ton corps et son corps finissent par se rendre quand sa bouche se retire et se remet à l’endroit du visage quand le visage même ne résiste plus à la nuit qui se propage et le dilate comme elle dilate toutes formes sur son étendue et courbe tout corps à toutes choses indifféremment quand finalement se rendre n’est plus possible parce que la nuit a dérobé toute forme pour une chair obscure et qui se développe indifféremment sur le monde disparaissant aussi sous cette peau, il n’y a bientôt plus ni haut ni bas à faire que tu puisses encore te relever avec lui et cependant il y a encore des gestes à faire que tu l’orientes maintenant vers ton corps et qu’à ton corps il se joigne et tu le prends alors et le prendre alors est aussi prendre tous les hommes et c’est tous les hommes que tu prends et que tu veux et que tu fais venir dans son corps et que tu ouvres quand bien même la nuit te serre et me serre à tous les corps parce que la nuit ne tombe pas et qu’il n’y a que les corps à faire en sorte qu’ils tombent quand la nuit ne fait que passer tandis que les corps chutent seuls sans savoir si le jour reviendra et rendra la chair aux os, les cheveux à la tête, le pieds de l’un quittant l’autre pour lui-même et s’en remettant à la jambe et rendant le bleu ancien au gris mais la nuit ne prend rien elle ne fait que passer et son obscurité n’est que la position terrestre à laquelle se penche la chair et l’effroi n’est que la position dans laquelle tu le laisses étendu sur le sol sa jambe remontée jusqu’à la poitrine par dessus l’autre jambe pendant que tu te tiens encore accroupie il te regarde comme depuis des siècles regardent les jeunes filles leur amant c’est toute la jeune fille qu’il redresse en lui et montre tantôt dans ses yeux tantôt sur ses hanches que tu tiens crois-tu quand elles te tiennent et te lient à elles déjà au loin la mer continue sa plainte et tu sombres dans le sommeil emportant le monde sombre aussi
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