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Mobiles

par Eric Darsan

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Tout ça pour ça. Deux mois de confinement pour en arriver là, à deux pas de chez lui. Deux pas, c’est ce qu’il dit. Même pas vraiment sorti, rien pour l’attester, alors. Il a voulu jouer au, a perdu. Tant pis. Pour lui, nassé, amassé avec des passants passant, qui prétend encore être. Sorti (oui et/ou non) pour suivre l’événement que constituait ces gens qui. Passaient, massés par les gendarmes, mobiles sans mobile attesté : il ne se passait rien du tout, et le reste a suivi. Du reste, il ne sait rien. Ils lui demandent ce qu’il faisait le matin du délit. Ce matin (aujourd’hui) il ne faisait rien du tout : il était dans son lit. Ce n’est pas une couverture, un alibi : il a perdu le sommeil, l’appétit. Rien à manger, à se reprocher. Il était juste un peu déprimé [à vous, il l’avoue : pas tout, juste ça :] un peu déprimé, c’est tout.

Du mal à s’y retrouver avec tout : ça : rien, tout : le trop-plein de vi(d)e qui déborde et emporte. Les transports en commun, interdits, interdisent les déplacements en retour. Les autorités autorisent, ou pas, [allez, circulez] au cas par cas, mais au pas et pas pour rien. Pourraient lui faire un procès, porter plainte pour ou contre lui, cela ne dépend que [ils ne s’en cachent pas, ne sont ni masqués ni cagoulés : ils se soucient] de lui. Où et comment allez-vous ? Tout et toutes : tous(sent), se sentent mal. Il se sent comme eux tous(ent) : mal, et perdu. Ils peuvent le géolocaliser via son portable s’il n’y a que cela, ils peuvent [ils sont habilités à : ] a/ vérifier son mobile [et son alibi] b/ lui proposer thé café confiseries [avec amabilité, et deux sucres s’il vous plaît] c/ à peu près tout. En échange, ils veulent des aveux.

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Sur un plateau, au grand air par grand vent, un berger surveille son troupeau massé en contrebas. Sous ses pieds ballants, balancés entre le ciel et le flanc, de l’affleurement, il peut apercevoir le hameau. Il se rappelle comment l’ancien village a perdu ses commerces avec ses habitants, ou bien l’inverse. Il a dormi depuis, il a plu, de l’eau a coulé sous les ponts, et puis : il ne sait plus : c’était il y a longtemps, il n’était pas né, quelqu’un lui a raconté : il ne sait plus qui a bien pu. Il en garde un souvenir [cochez la case correspondante :] [ ] contrit [ ] confus [ ] confit [cette attestation permet de rendre compte de votre état de santé présent, elle sera traitée dans un délai raisonnable à compter de sa réception, merci de vous tenir à disposition des autorités compétentes le cas échéant].

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Il a les réponses, mais [c’est ce qu’il se dit qu’il se dit, comme pour lui, se dit la personne qui] m’interroge. C’est comme tout : La banque, l’employeur, tous les centres auxquels il est affilié s’entrefournissent les informations. Nécessaires, mais on lui demande de : faire le nécessaire, de ne pas [ ] mentir [ ] omettre ; d’être : [ ] docile [ ] d’osciller la tête en signe [ ] de bonne volonté. De confirmer les données reçues les. Actes manqués, réceptions accusées : le tout-venant après, pourtant, envoi des documents à temps [le cachet de la poste faisant foi]. Souvent les organismes sont lents, parfois confondent les (clients) administrés, rarement corrigent leur propre posture : il faut quelqu’un de bien[ ]veillant, de bien vivant derrière le masque de l’imposture, mais cela advient.

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Il arrive. Que le soleil descende derrière la colline en même temps que le berger. Encore trois pas et il aura rejoint son troupeau de nuages. Habituellement, il resterait trois jours avant le marché, donc trois jours avant la tonte, mais le marché a été annulé quelques semaines après les premiers cas de personnes contaminées, alors il se demande s’il doit soulager les brebis de leur nébuleux poids de laine qui menace, bas et lourd, au-dessus de leur tête. L’idée lui paraît un peu vaine sans la perspective de touristes à tondre, de villageois à soulager de leur bas de laine, à réconforter d’un tricot de mamie, d’un bourrage à bon prix, d’un matelas bien ferme. Il voudrait leur demander leur avis, ne sait pas comment (bien faire), ça commence à (idem). Ça dure, c’est dur. Pour l’économie, cette maladie.

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À coup sûr, le corps, bien malgré lui, produit ses anticorps : c’est ce qui lui vient à l’esprit. Il lui faut le croire, et aussi qu’il doit voiler son regard qui vient de s’illuminer à cette ébauche de pensée : une mince consolation qu’il recueille de ses paumes, de crainte et au risque de l’éteindre. Il est un peu las, le dit. Fatigué de devoir, d’avoir. À réfléchir, à répéter le moindre mot qu’il dit, qu’il dit. Il est à bout, en larmes. En joue, se moque. De leur taf, de leur défroque, craque et les provoque : las d’être là, en vain, en vie : qu’on en finisse. Ils peuvent arranger ça, qu’on lui dit, s’il : s’obstine, obtus, obstrue : les enquiquine à sortir qu’il n’était pas sorti, pas sortable, alors qu’il ne pense qu’à ça, ment, leurre. Tape sur le système, crache dans la soupe qui le nourrit. Il abuse, avoue : il n’a rien fait, mais d’autres, oui.

Il n’était pas patron, qu’il dit, ou bien tout le monde l’était. En tous cas dans son cercle d’amis. Agrandi, le plus qu’il pouvait, dans les limites de la propriété familiale. La maisonnette à flanc de côteaux nantais sentait le nanti, il le savait, l’avait bien mérité, sortait peu. Depuis(,) chez lui, il commandait. Dominait le marché, de l’offre et de la demande connaissait les arcanes. Un jeu pour ses enfants, des ingrédients pour sa femme [des amis viennent dîner ce soir, il faudrait que je sois sorti — rentré]. C’était aussi simple que cela. Tout lui obéissait, réussissait au doigt et à l’œil. Enchère, affaire, promotion : tout lui était dû pour peu qu’il règle. Les conflits d’intérêts le fascinaient, rien n’échappait à son esprit. Aguerri, il acquit. Denrées et objets manufacturés disponibles sur simple commande. Il visait, verrouillait, tirait.

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Le fusil à ses pieds, il songeait : un coup de coutelas est si vite arrivé qui, tout à coup, pourrait lui échapper, riper, trancher un cou ou deux et ainsi régler ses soucis. RIP la brebis ou le bourgeois — ce qui lui manquerait le moins lui rapporterait le plus : la bourse ou la vie, qui n’attend que d’être saisie. Pour ne pas se faire p(r)endre, il prendrait les devants, prendrait le maquis. Malade de cette société malade où il avait grandi, qui l’avait élevé moins qu’amoindri. Du haut de son rocher, isolé pour fuir l’isolement, les pensées affleurent, fleurent bon comme le tabac à priser qu’il prélève en souriant dans sa blague du bout de sa lame affûtée. Au passage de l’acier, son sourire aiguisé rencontre son reflet : il essuie sa lèvre d’un revers de sa manche, mais rien n’y fait. La lame, la main, le manche saignent, ont saigné. À présent, immobile, il énumère les pronoms, les propositions relatives à ce qui s’est passé.

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La chaîne des causes et conséquences se déroulait, suivait son cours. De la bourse, les cordons se dénouaient. En effleurant son mobile, les fils des conversations qui lui tenaient lieu de rapports sociaux sur les réseaux du même nom tissaient des relations. Les rapports se joignaient aux rapports, s’empilaient. Sans plier, froisser ni porter rien ni personne à sa connaissance, il suivait ses impulsions, répondait aux injonctions, réalisait ses désirs : selon son bon plaisir, il allait. Sans dire qu’il n’était pas dupe, il savait que ce qu’il payait trop cher valait plus encore : de ses actions découlait probablement au mieux l’exploitation, au pire la mort. Il s’était fait une raison : celle du plus fort, qui valait plus que jamais depuis que l’endémie s’était mue en épi et pan. De cela il était conscient, donc coupable, partant de là, si la mort ou l’exploitation avaient pu l’atteindre. Elles ne le pouvaient pas, qu’il disait.

Les autorités compétentes s’étaient engagées envers lui, le droit était naturellement. De son côté [supposé l’être], partant de là, il n’était pas parti, sorti : il était couvert : le contrat était sur lui. Sur sa tête, il n’avait pas lu les conditions générales, il faisait confiance sur tout, ne mettait rien en doute, promis [suit un silence pendant lequel il calcule, raisonne, tente d’estimer l’effet produit], mais ils n’en ont rien à foutre de ses pleurnicheries de consommateur repenti. Ils vont lui en faire bouffer du droit, et du gauche aussi, lui rentrer ça dans le crâne : tu ne sors pas, OK ? KO, son cerveau se heurte à un cerveau autre, séparé seulement par deux parois que l’autre cerveau dans sa folie voudrait sentir céder. La peau du crâne sue : ne pas respirer surtout, éviter les gouttelettes en suspension — (ce qu’il donnerait pour un masque, une feuille A4 de transparent qui servait/sert à) projeter de ne pas projeter.

Sa tête résonne, se heurte à un mur, à un autre. Tombe de tout son poids, réalise la gravité. De ses états d’âme, ils se fichent comme de leur première chemise à soufflet. Ne voient pas le rapport, qui s’éloigne, s’efface avec l’épreuve de force. L’interrogatoire devient une farce, une fable. Ils sont prêts à oublier tout ça, à c(l)asser l’affaire, le verdict, et lui avec. Sans autre forme de procès. Il les voit plein de rage, mesure sa témérité : à quel point il n’est rien, à quel point ils sont tout. Craint la mise à mort, à l’ombre, au trou. De mémoire, il a toujours suivi les ordres de. Paiement, virement à l’ordre de. Alors, tout à coup, il demande à ce qu’on. Le mette à l’amende, le libère sous caution, renverse la situation. S’imagine poursuivi par un. Chasseur de prime, fuyant, deux trous au côté droit, d’où coule une rivière.

C’est à ce moment-là que j’ai vu la figue, dit-il, soudain rasséréné par cette image rafraîchissante. La figue [ils répètent, croyant à un malentendu : un lapsus, propose l’un d’eux, et ça les fait rigoler]. La pluie commence à tomber, dru. Averses, ondées, récite l’un des condés. La fugue, tente un autre [ils se marrent]. Non [il reprend] : ce matin ma femme a fait le café, le kéfir [boisson à base de levain que l’on nourrit de figue, de sucre, de citron (notez)] et, juste avant de (ne pas) sortir, j’ai vu la figue tomber. Ce n’est pas donné à tout le monde (vous voyez) : c’est peut-être la première fois de mémoire de confiné. Il faut avoir le temps, l’occasion (je n’ai pas dit l’attention, attention, mais) l’opportunité. Saisir l’instant, le moment précis de la fermentation, où cela [ ] arrive [ ] a pu [ ] va arriver. Vous saisissez ?

***

Ici quelque chose semble lui échapper : la figue n’est pas censée tomber : au début oui, quand on la lâche, mais à la fin elle remonte. D’ailleurs elle doute que son alibi tienne devant un jury.

Elle n’est pas non plus certaine que ce rêve/cauchemar de berger solitaire assassin/lâche salarié tricard [qu’elle s’est imaginé pour se distraire, en vain] passe le test de Bechdel [elle est même convaincue du contraire]. En revanche, elle a si bien intégré les codes appris rebattus rabâchés qu’elle est parvenue. À adopter le point de vue, à revêtir les habits de l’autre avec une certaine neutralité, elle est parvenue. À s’extraire de sa condition, de classe/genre/race. Pour un instant seulement, avant de revenir à sa triste réalité. Qu’elle soit riche, lettrée, n’(importe pas, plus, n’)a jamais réellement importé. Depuis qu’elle est confinée elle doit supporter son mari époux-mari-maître qui ne (la supporte pas plus ne )l’a jamais vraiment supportée. La vie en société lui apparaît désormais comme un match truqué, un combat perdu. D’avance, elle peut choisir le jeu, les armes, mais pas les règles, pas l’abstinence.

Si quelqu’un racontait son histoire à elle, et même si quelqu’une la lisait, ce serait encore (comme ici) avec ses mots à lui. Ses mots d’homme qui, même pour lui dire de fuir, de se ressaisir, dirait encore. Putain, bordel : toujours la violence, jamais le care. Elle connaît le cas, la désinence, elle en est une autre. Ce n’est pas la résilience qu’il lui faut, mais sortir de ce pétrin, se tirer de ce bourbier. Elle n’est pas en guerre, pas encore, mais (im)mobilisée par précaution. Et cette dissonance, ce grand écart entre les mots et les maux qu’elle endure, la fait se sentir entre parenthèses, coupable et victime dans le même temps au lieu de. Villégiature : aux confins du confinement, exilée (dans l’espace domestiqué, personne ne l’entend crier), elle n’en a rien à carrer de : [ ] tout ce fatras militaire [ ] de ces mercenaires en guerre [ ] de leur enfance battue [ ] de leur vengeance grégaire. D’incels, d’icelui, d’icelles.

Elle aimerait trouver un accord de proximité dans une langue nouvelle, commune, se heurte au langage vulgaire et recule. Se demande comment ont tenu tête/se sont cassé la gueule les civilisations. Comment elles ont régné en divisant la terre en tiers et quart, mondialisé le monde, dominé ce/celle/celui qui. Ne demandait rien, n’a pas vu, pas pris la mesure de tout ceci. Etudier ça au cas par cas. La civilisation des (Égyptiens, Grecs, Étrusques, Romains, Carthaginois, Scythes, Tolt-Olm-Azt-/èques, Mayas, Incas) humains, trop humains pour être humaines. Toutes fondées sur l’équation patriarcale : l’homme a le monde > la femme à la maison < il est le jour, solaire et extérieur > elle est la nuit, intérieure et lunaire. Mais il faut croire que l’histoire aussi a ses cycles : une culture naît puis meurt, se sclérose, se phagocyte : l’art devient propagande, le profit commande, la violence domine.

De cette petite mort en naît une plus grande qui se nomme civilisation, conquiert, condamne, extermine pour mourir à son tour. Dans toutes les sociétés où les droits de L’homme (prédit) l’emportent sur ceux de la femme (prescrite), la liberté de chacune s’arrête à celle de son voisin. Demeure conditionnelle, est assignée à résidence. Le bracelet électronique la laisse chimique : la serviette périodique manque à l’approvisionnement. La femme consent à ce manquement, fait avec : sans : l’homme, qu’on sent se replier sur lui-même, sort quand même dépenser son pécule en : café, clopes, PQ, piqûre de rappel : la rue est à lui, l’appelle. Il est le jour, elle est la nuit. En confinement, renard libre dans le poulailler délibéré, le voisin salut le voisin, à chacun s’avoisine de loin. Le jour, la colère couve comme un foyer qui luit, s’entretient, se retient, pas toujours, mais la nuit.

La nuit aussi lui appartient. Les gens se couchent avec les poules, le renard qui se croit loup, s’ignore chien, chapon, poussin, couvre les rues de ses yeux fous. Son regard en feu veille au grain, engraine : la roue tourne, son tour vient. La nuit meurt, le jour point. L’homme, qui n’est pas une marchandise (comme les autres), et l’autre (la femme) qu’il considère comme sa moitié, se confi(n)ent, se co-vident. Prennent soin que de ne pas importuner les voisins (plus autres que les autres), quand soudain – un mot, deux poings – il s’oublie, se. Lâche, surpris en flagrant délit, se plaint, menace. Jamais ne se repent, médit : elle l’a frappé, comme avant elle sa mère à lui : ce qu’elle disait, elle lui a dit : père indigne. Il cogne, s’en cogne des cognes qui, d’après lui, ne feront rien. Prétend s’être juste défendu. Il tape plus fort, et alors. Elle a voulu jouer à, a perdu. Tant pis pour elle. La nuit meurt, le jour point.

Elle s’attendait à l’entendre rentrer. Il était parti le matin, embarqué sans mobile par les gendarmes, ou bien il était l’un d’eux, à moins qu’il ne soit berger. Peut-être n’avait-il jamais existé. À ce moment, la figue est remontée, et avec elle l’espoir (le sale espoir) d’un retour à la normalité, suivie de. La nausée. La femme, animale machine sous pression, explose. Tend(s) l’oreille : elle en a gros, marre bro, du marasme de ce cauchemar pavillonnaire. Elle attend de pouvoir, sortir sans attendre de prendre. La suite, la fuite. Que quelqu’un·e l’entende crier, la voit en sang, témoigne du martyr, fasse corps face à l’esprit de corps qui t’appartient. Prépare l’apprêt avant de. Repeindre les murs avec ta figure, te ravaler la façade à coups de couteau. Rêve de Re( )Volver, que tu te l’enfonces dans la bouche, te mette du plomb dans la tête, te regarde enfin dans une glace, t’ouvres les veines avec les bris de ta vie moisie.

Tu peux te masquer, t’en laver les mains, rien n’y fera : le virus était déjà là : asympto(ma)tique. Le cycle est sans fin, la boucle continue enfant battu<->adulte battant continue. Tu taffes, paies, kiffes ta race ton genre ta classe : tu te dis tout t’est dû, la maman et la putain, sinon c’est la baffe. Tu veux la monnaie de ta pièce, tu l’auras. La courbe est ascendante, plus complexe, plus implacable que tu ne le crois. Elle rejoint à ce point ta violence, que le confinement souligne simplement. En anglais il signifie accouchement et se dit containment. La situation (le virus, l’assignation à résidence, les déclarations gouvernementales) contient déjà tout ça (travail, famille, patrie et tous leurs dérèglements) : elle expose juste à la lumière du jour, les rapports existants. Qui sait de quoi la nuit accouchera.

Les morts vont croissant, croassant les princes marchant, coassant les corbeaux au-dessus de leurs têtes plantées au bout des piques. Les survivantes (comme on disait surhommes), autrefois victimes et demain mortes s’il ne tenait qu’à vous, n’iront pas pleurer, mais cracher sur vos fosses. Leur guerre, ma guerre, sera plus terrible que toutes les vôtres, plus meurtrière que naguère. Je ne me laisserai plus faire abuser distraire harceler violenter. J’ai un mobile, je suis ce mobile, je suis mobilisée. Je suis ma res mobiles, je suis ma propriété personnelle, je m’appartiens. Je ne me laisserai plus posséder par la force ou la tromperie. Et quand bien même. La honte, la peur, la violence même, qui sont femmes aussi, ont changé de camp. Désormais, nous sommes en guerre contre toi, en paix avec moi-même.

À présent, dit-elle, que la vie n’attend(e) plus : je vais agir (je viens) contre toute attente : je sors. Je cours (moins de risque dehors) je griffe (signe mon nom sur ton corps mort) je mords (souviens-toi, le jeu enfante). Et je convoque, ardente, la vie manifeste contre la mort latente.

Eric Darsan


La Vie Manifeste est une revue en ligne, née fin 2008, qui publie régulièrement des textes de facture littéraire et des podcasts. Et depuis peu un journal papier, Hector, qui donne à lire le présent par la littérature. Avec 12 années d’existence, La vie manifeste fait partie des plus anciennes revues en ligne dans le paysage littéraire. Elle a donnée à lire de nombreux auteur-e-s qui participent aujourd’hui activement à la fabrication de l’espace littéraire et elle continue d’accueillir des écritures inédites. Elle est une des premières revues à avoir proposé des podcasts. Podcasts composés d’entretiens sur l’actualité des livres et des idées, d’entretiens avec les artistes de la scène contemporaine. Des reportages et des documentaires sur les luttes sociales & écologiques ainsi que des pièces sonores. Des podcasts, régulièrement diffusés dans le tissu des radios associatives. L’ensemble des contenus ont toujours été en accès libre, et le resteront. Mais, parce qu’il devient de plus en plus difficile de dérober du temps au temps du travail, parce que la société n’a jamais été autant obsédée par la rentabilité de ce qu’elle produit et que nous ne produiront jamais rien de rentable par volonté, parce que nous ne seront jamais des courtisans, d’aucun monde, d’aucune classe, d’aucun prestige, nous avons besoin de votre soutien – si minime soit-il, pour poursuivre ce travail de fabrication et de publication.

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