Douglas Gordon, Self Portrait Of You Me Simone Signoret

Visages. Exercice IX

« …fascination qu’exercent les formes inattendues et singulières d’une mort prochaine, d’une mort qu’on a déjà, comme dit le peuple, sur le visage… »
M. Proust

Est dans la nuit noire son visage est dans la nuit noire n’est plus dans la nuit noire n’a plus la ténèbre n’est plus d’elle a une fatigue certaine n’a pas la fatigue a le désastre est dans la lumière a ce qui expire a l’expiration commune a ce qui de l’autre n’a ce qui d’elle seulement d’elle a cependant l’autre en elle a ce quelque chose d’elle en l’autre a cet angle du menton a du menton un revers de main a ce qui de la main est lignes croisées n’a plus est la rotule fascinante est une chair délirante n’est plus est encore a du geste sa trace a du temps l’éternité a l’interminable d’elle a la secousse a un autre visage d’elle à même son visage qu’un geste détourne qu’une main reprend et recoupe a des angles les lignes des lignes l’infixe faisant du visage son visage le visage a le visage cherché a le visage perdu est un visage du dessous qui reflue vers le dessus a le visage cherché n’a plus a le visage attendu n’a plus a ce qui excède du visage a un nerf en tension a du visage la tension soudaine du nerf n’a plus a le muscle détendu n’a plus a la lèvre qui se donne a du visage de la main a du visage en elle a l’autre visage n’a plus de l’autre le visage a le visage des yeux de l’autre a l’autre du visage a ce quelque chose que l’autre en lui cherchait a quelque chose d’elle seulement a ce toutes-autres cet angle du menton a de toutes les autres l’attente a cette fatigue de toutes a ce désastre d’aucun a la catastrophe d’elles-toutes a cette lumière irradiante cet angle du menton son menton cet angle de toutes soudain dans cette lumière la courbe du visage son visage de toutes cependant elle seulement a quelque chose d’elle seulement est toutes n’est plus dans la lumière son visage ce visage fait d’elles-toutes est toutes elles le visage d’elle seulement a du désir a le visage d’elle seulement a le désir de toutes en elle est elle cependant presque cependant toutes dans la lumière est elles-toutes a la courbe du visage d’elle seulement elle n’est plus son visage le visage d’elle seulement ne fait plus son visage perd son visage dans la lumière l’ombre augmente ses yeux a l’ombre augmentée dans les yeux ses yeux la lumière augmente le visage ce visage n’est plus en lui même le visage s’extrait de lui est à même n’est plus est seulement un visage devient le visage tout autre déplie les autres-toutes devient cet écran devient le visage au désastre devient le désir plus que le visage dans la lumière augmente le désir augmentent les courbes n’augmentent pas diminuent oui diminuent les lignes vers l’expression-toute oui l’expression-toutes rafle le visage oui le détourne de lui oui et rapte les lignes seules pour une lumière toutes oui le dévisage le visage se dévisage dans la lumière le visage se dévisage dans le flash oui est pris dans la trace oui la trace ne dit plus le visage d’elle ne dit plus le désastre d’elle dit le désastre toutes ce visage le visage n’est plus est quelque chose de lui échappant a quelque chose de toutes oui ce visage n’est plus le visage ne porte plus ce qui proscrit porte ce qui permet ce visage le visage dans la lumière perd le visage dévisage les courbes les yeux ses yeux ne sont plus ses yeux ne sont plus ce qui dévisage les yeux ne sont plus ce qui dévisage sont ce qui mangent les âmes sont les yeux autres incurvés sont ce qui des yeux mangent la face dévorent la chair sont ce qui donnent le goût de la chair aux vivants et affûtent les dents des morts ont l’énergie carnassière les yeux sont ce qui dépècent leur proie dénudent les muscles dans les ventres ce visage le visage est une proie est jeté est livré à ses propres chiens est le corps désirant voyant et voyant son désir est un piège qui se referme est un cris de bête incite à la fureur

A du monde sa venue a l’œil ouvrant a ce qui dévaste est dévasté n’est pas intacte a du monde sa venue a aussi son retrait a la vision ancienne a ce qui reste a cet empreinte rumine les yeux dans ses yeux les yeux ruminés a ce qui persiste d’elle n’est plus elle a ce restant et agite encore a des yeux l’animal a de l’animal cette vision donnant la vision est ce qui arrive est ce qui est venu n’est plus cependant est ce qui la regarde ses yeux les yeux plus grands que tout rongent sa face la face dévorée dévorant les visages-tous les affolant dans la lumière révélée dans une bassine quelque part la face extraite de la nuit sourd de la nuit et fuit dans les regards son regard d’elle n’est plus elle a quelque chose de fuyant a ce qui est cherché n’est plus cherché ce qui fait fuir sur les lignes imageantes d’elle seulement elle se multiplie est fractale presque se perd ne se correspond plus se désaccorde de sa face pour la face se disjoint se retrouve en l’autre elle le visage son visage au devant venant le devant de la vision elle quand bien même n’est plus

Est ce qui d’elle n’est pas elle est ce qui de l’autre est pris en elle suffoque l’autre en elle brûle les yeux retire la vue se désintègre au toucher ne touche plus est ce qui d’elle n’est plus elle

Le visage épris de la lumière le visages dévisagé est ce qui de l’autre en elle est pris n’est pas ce qui d’elle en l’autre est mépris est presque dans la méprise est ce qui d’elle fuit en l’autre en dedans d’elle l’autre ce qui fuit d’elle en l’autre et ronge la chair ce qui de l’autre accroît la béance et se loge en dedans pour se voir dans la lumière dans ce lieu d’ombre cette tâche aveugle pour se voir confondre les visages autres le visage d’elle

Est dans la lumière son visage est dans la lumière n’est plus est ce qui de la lumière rend à rien rend à tout rend à la fureur du monde son visage ce visage n’est plus le visage est la vitesse de la lumière est l’impact est à même la chair est ce qui implose est en orbite a la trajectoire des vents stellaire est exposé à diverses forces converge se détruit dans l’atmosphère est ce qui arrive de la constellation est une roche en fusion se frotte aux atomes est en attente et en suspension n’est plus est la collision est une solitude a l’état gazeux est une acoustique enregistrée n’est pas audible est projectile est sans repère est en déviation est ce qui arrive a un point de chute fait tourner les corps dans son image a de la fascination la gravitation oculaire ne suspend pas la langue est la lumière est ce qui se prend dans des histoires et les agite infiniment est ce qui fait parler fait rumeur est ce qui agit le dehors est ce qui agit les dedans et fait des dedans tous les dehors le visage son visage n’est plus le visage est la vitesse n’est pas la fatigue est la vitesse de l’image est ce qui épuise épuisant jusqu’à l’infiniment est l’épuisement du visage dans l’image est l’image du visage épuisé et lavé et rincé révélé par la lumière la vitesse lessivante de l’image multipliée et passé à la vitesse de 24 fois par seconde est un visage mouvement cerné par les forces actives du noir et blanc a de l’aurore la tombée du jour est un visage temps est le visage calciné par le temps oui est le mouvement porté à son invisibilité est la cible jamais atteinte ne porte que la marque est un sursaut à même l’image est l’image déchirante est ce qui incite à la destruction est ce qui passe dans les regards est ce qui agit fait que le désir s’agite et s’accroît et meurt à sa bouche dans la lumière la bouche ombre encore ce qui muet et parle infiniment et ce qui fait parler le monde est un bruit seulement n’est pas une parole est le monde remuant est ce qui du monde veut s’agiter et se perde est ce qui perd le visage est un visage fossile n’est pas à l’abri du monde est offert et falsifié est gisant est un visage n’a plus son visage a le visage en guenille a ce qui habille le monde a ce qui rend le monde nu de tous les autres visages a ce visage seul ce visage seulement a ce qui prive les visages de tous les visages a dans cette lumière le visage seul le visage seulement le visage rapte tous les visages pour un visage seul est une réverbe dans l’espace est dans les nuits des têtes hallucinées est jusqu’à disparaître de sa propre nuit n’a plus de visage en propre est une réverbe dans l’espace image dans le temps des 24 fois par seconde est toutes ses voix est ce cri est cette femme est elles-toutes est cette femme privée de visage sans visage est rendu à une nuit est moins que lui-même est un jour qui s’effondre est ce temps de lumière est ce qui met en contacte les formes cependant non cependant est un appel est ce qui rallie se défait pourtant

Est ce qui d’elle n’est pas elle est ce qui de l’autre est pris en elle le visage épris de la lumière le visage dévisagé est ce qui de l’autre en elle est pris n’est pas ce qui d’elle en l’autre est mépris est presque dans la méprise est ce qui d’elle fuit en l’autre en dedans d’elle l’autre ce qui fuit d’elle en l’autre et ronge la chair ce qui de l’autre accroît la béance et se loge en dedans pour se voir dans la lumière dans ce lieu d’ombre cette tâche aveugle pour se voir confondre les visages autres le visage d’elle

Est un visage en captivité est assailli est l’assaillant et propage servage et servitude est l’assaillant des visages tous des visages seuls des visages sans est un captif dévorant n’est plus seulement est un visage n’est plus est le visage en captivité est l’infixe butant est l’impact n’est plus est une armée a une stratégie lève le camp se déploie assiège l’image son image assiège son visage est ce qui exige conquêtes et asservissements a la bassesse et la victoire est conquis est sans requête est sans mot n’est pas une guerre a son effet n’a pas le nom est un code ouvre des espaces raréfie l’air empoisonne l’eau porte des corps violacés porte ce qui se décharne ce qui meurt porte la mort une décomposition porte une adhésion au visage est égale à elle-même n’est plus elle seulement elle son visage le visage cependant fait du visage captivant le visage captif fait du visage un dévisage du monde fait ce qui ravage le monde dévisageant le visage dévisagé est agissant est agit par le feu est ce qui brûle ce qui dans la nuit consume les corps et les esprits le visage ce visage a la captivité de la vénération a se qui procède par bord et rebord a ce qui sépare a de la captivité la séparation a de la séparation l’exécration a l’exécration commune l’exécration toutes chassant le visage son visage de lui même et prenant et dévorant le visage son visage et faisant avec la lumière de la face un négatif et augmentant ce visage pour faire du visage son visage sa négativité pour faire d’elle une soustraction oui ce qui se soustrait à elle oui son visage une ombre oui pour accroître l’ombre en elle pour la livrer à une nuit sa nuit sans plus de lumière sa terreur une infamie pour faire d’elle une nuit dont elle ne sort plus une errance de soi dans les autres retenus ce visage son visage a le visage de ces nuits ne voyant plus pas assez que trop a le visage voyant jusqu’à brûler les yeux du monde le monde a la face sa face incandescente agit par le désir est agit par lui n’opère pas sur lui et le monde dévore la face transfigure la chair ce mouvement ce geste sur sa face consumée par les yeux du monde

Ses yeux regardent vers ce qui ravale la face jusqu’à la détruire a le visage détruit

 
 

Amandine André

image : Douglas Gordon, Self Portrait Of You Me Simone Signoret

 
 

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quelque chose s’est détaché ici. quelque chose maintenant. les pièces les morceaux. les bribes. quelque chose s’est détaché dans l’effondrement généralisé. ici. quelque chose ici. dans l’ici irrespirable. l’ici irrespiré. dans la nuit et le silence maintenant.

F1010034Quelque chose. Exercice V

Il y a quelque chose dans ton corps dans ton corps quelque chose il y a quelque chose dans ton corps que mon corps que ton corps et mon corps quelque chose de ton corps qui me frappe au visage quelque chose que je cherche que je ne pensais pas chercher que je trouve pourtant et que je vois et qui me cingle le visage
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