© Image Armine Rouhani

Quelque chose. Exercice V

Il y a quelque chose dans ton corps dans ton corps quelque chose il y a quelque chose dans ton corps que mon corps que ton corps et mon corps quelque chose de ton corps qui me frappe au visage quelque chose que je cherche que je ne pensais pas chercher que je trouve pourtant et que je vois et qui me cingle le visage et le corps ton corps il y a quelque chose en toi quelque chose qui se tient là et qui me cingle le visage et la peau ton corps d’homme a quelque chose en toi quelque chose que je ne connais pas du corps ton corps a quelque chose qui me serre quand tu bandes a quelque chose cependant que je prends l’homme en toi a quelque chose de tes bras de tes jambes de ta nuque quelque chose qui fait que je bande pour tes bras ta nuque ta mâchoire quand ton corps a quelque chose qui me cingle le visage quand tu bandes pour moi mon corps a quelque chose qui te cingle le visage quand tu bandes je bande aussi pour ton corps qui a quelque chose quand de dos tu pisses ton bassin pour mon corps a quelque chose de toi dans mon bassin quand tu pisses tes reins mes reins mon corps a quelque chose quand il bande quelque chose de toi bande en moi quand tu es de dos ton dos a quelque chose qui passe en moi que je trouve en toi que je ne cherchais pas a pourtant cet effet qui fait que je bande pour toi que tu bandes pour moi il y a quelque chose qui n’est plus toi quelque chose qui n’est plus moi de ton corps à mon corps quelque chose qui n’est pas nous qui ne nous ressemble pas pourtant c’est toi qui me fais bander et que nous bandions alors ensemble quelque chose qui n’est plus ni toi qui n’est plus ni moi quelque chose fait pour nous qui me fait plier sous toi quelque chose qui me plie que tu bandes me fait plier il y a quelque chose de ton corps qui me couche quelque chose qu’il y a fait que je me couche que je me baisse pour que tu dresses ton membre quelque chose qui rejette quelque chose de toi en moi qui rejette quelque chose de moi en toi qui n’est plus vraiment toi qui n’est plus vraiment moi et pourtant

Quelque chose de ton corps ouvre au mien mon corps ton corps quelque chose alors de ton corps vient en moi pourtant comme je vais vers lui quelque chose qui n’est plus ni toi ni moi alors je fais que quelque chose de moi étire ton corps et élargisse le mien je fais que tu me plies vers le sol et que quelque chose de toi s’étire et se dresse vers moi je fais que mon corps augmente quelque chose en toi et que ce qui a augmenté de toi cherche à me finir que ce qui me finit est ce qui s’est levé de ton corps et cherchait un corps mon corps à mesurer cet accroissement alors je fais que ce soit en moi que ce qui se dresse de toi finisse quand ce que de moi tu prends ne me dresse plus

Quelque chose de ton corps ouvre mon corps et que je te vois ce que tu me fais me cingle et la chair et le visage s’ouvre sous ton corps le mien ouvert ouvre pour ton corps plus encore qu’à ouvrir le visage c’est ma bouche à ta bouche qui s’ouvre à ce qu’il y a en toi qui fait que je bande infiniment que je m’ouvre davantage à ton sexe ton corps passe un peu plus et je me gorge et que tu me gorges de ta semence me cingle et la chair et le visage que tu me ainsi que en toi il y a quelque chose qui me définitivement qui me fait bander plus encore qui me à ce point quand de dos tu pisses je te vois il y a vraiment quelque chose qui me et que tu me serres et m’ouvres ainsi que ma bouche dévore mon visage que je te sente jusque dans les poumons mes poumons les tiens battent aussi que je souffle ainsi tu souffles aussi alors donne m’en encore qu’à faire que tu m’ouvres définitivement jusqu’à ce que se resserre en moi quelque chose qui me contracte de toi dans mon dos ce qui me contracte de toi ton dos quand ton ventre touche mon dos je me resserre quelque chose de toi en moi me fait irrésolument manquer à moi même et me serre pourtant

Quand quelque chose de toi manque de toi quand sur le lit le drap quand quelque chose de toi recouvert tu me plus encore quand je te cherche encore quand je voudrais quelque chose de toi quand je pense que plus encore que tu as résisté quand je penses que tu as cédé quelque chose alors de toi était là devant moi quand tu étais assis quand ma bouche a cherché quelque chose de toi ma langue te forçant pour que tu m’ouvres quand tu étais encore assis là que tu ne bougeais pas quand je t’ai fouillé pour que tu m’ouvres quand tu refusais encore quand je t’ai pris ta bouche ma langue cherchait de toi quelque chose que j’attendais que je ne cherchais pas qui est venu quand tu t’es laissé faire assis quand tu étais là-bas avant d’être ici c’est toute une nuit que j’ai emporté quand je t’ai ouvert la bouche et que je t’ai fouillé quand tu t’es laissé ouvrir pour m’ouvrir alors à toi ce quelque chose que je vois de toi ta manière d’être assis là quand je pense à ta manière d’avoir été assis là et de n’avoir pas ouvert de suite quand je repense à ta manière de m’ouvrir alors que tu résistais encore à ma bouche ta bouche s’est alors ouverte pour ouvrir la mienne ici avec ton corps quand je pense à ton corps et à sa manière de m’ouvrir quand ta manière je pensais ne plus la trouver quand je voudrais que ce soit toujours de cette manière que tu m’ouvres que je m’ouvre et t’ouvre et passe en ton corps mon corps plein encore de toi quand je pense à mon corps étendu là après ta manière de m’avoir abaissé et ouvert je voudrais que ce soit toujours de cette manière que tu m’ouvres que tu me gorges de toi quand je pense que tu étais assis là et que ton corps semblait s’apprêter pour les femmes de nuit quand je pense que tout se dressait vers elles et que dans l’obscurité une lumière m’a porté à toi quand je pense que je t’ai vu assis là ne bougeant pas le corps apprêté pour les femmes de nuit quand je pense que toutes tes manières faisaient des manières aux femmes de nuit je t’ai alors tenu dans cette nuit et je t’ai apprêté d’abord pour les femme de nuit car ta manière de te tenir et de les regarder j’ai voulu ouvrir ta bouche à ma bouche et je t’ai fouillé dans tes manières de mettre ton pantalon jusqu’à ce que tu te dresses vers moi et que ce soit moi que tu veuilles alors ouvrir que tu me cherches comme je te cherche que tu m’ouvres plus encore quand je pense que ta manière de jeune fille a cédé à ma bouche et m’a fait céder quand à la toute fin ton sexe s’est dressé pour ce quelque chose de mon corps ton corps le mien maintenant quand tu es passé et que ce n’était plus vraiment moi que ce n’était plus vraiment toi mais quelque chose qui nous attendait quand je pense que maintenant tu pisses et que ton dos que je voudrais encore me donne aussi envie de pisser quand je pense que maintenant que tu pisses que tu finis que cela fait que tu remets ton pantalon quand je pense que tu remets ton pantalon pour partir et que ce quelque chose de toi manque déjà quand je pense que j’attends que tu fermes la porte et que j’entende tes pas dans l’escalier me serre le corps de plaisir quand je pense que tu viens de mettre ton pantalon que maintenant ton cul est recouvert et s’apprête pour autre chose que moi quand je pense que dans quelques instants la porte va se refermer et que tu vas partir dans le matin quand je pense que ce que j’ai volé à la nuit je le perds au petit jour quand tu pars maintenant je sens les draps que nous avons souillés quand je pense à cette sueur ton corps me revient à la bouche et mon ventre te digère encore quand je pense que j’ai maintenant ce quelque chose de toi en moi et que tu es parti et qu’il faudra chasser dans la nuit que maintenant c’est le petit jour et qu’il me faudra chasser de nouveau le soir que je pense et que ton image défile encore quand le corps refuse d’être épuisé et pourchasse cette image que je digère quand je pense à ton cul et à sa manière de rue et la rue le happant quand je refais toute l’image et mets des suites d’images à la suite s’enfilant pour me ré-enfiler plus encore que je te revois assis dans le bar que tout de toi s’apprêtait à autre chose que moi que c’est pourtant moi que tu as perdu dans cette porte qui se referme quand je pense alors que je ne me sens plus que chair et cul et bouche pour toi que je voudrais encore de ta manière de me faire assoir et de m’ouvrir plus encore quand je sens que cette partie de toi se resserre en moi et digérée sera exécrée quand je pense à ceux qui sont repartis pour femmes et enfants quand je pense que tu pars pour partir et que la porte vient de se fermer que la rue abuse de ton cul comme je voudrais encore que tu le fasses du mien
comme je voudrais m’abaisser et que tu m’abaisses encore comme je voudrais ton cul et que du mien tu abuses comme tu n’aurais pas encore fait comme je voudrais jusqu’au bout comme je voudrais que tu m’uses et que tu laisses à rien comme tout cela a été fait et qu’il faudrait encore refaire comme je ne me lasserais pas que cela se refasse comme il faudrait tout mettre de ton corps dans le mien du sexe au doigt et au poing comme finalement tu es parti trop vite comme je voudrais que tu m’abuses et m’uses encore et me laisses à rien qu’il te faudrait revenir et m’abaisser et me gorger et me mettre jusqu’à me défaire de ton bout que je voudrais encore sentir et qu’il faudrait qu’il me reste en travers la gorge comme ce qui me reste dans la gorge de toi et au ventre me manque comme il manque finalement qu’il faudrait que tu reviennes que tu ne laisses pas la rue te reprendre ni le petit jour ni la vie du travail comme il faudrait que tu m’enfermes et que tu t’enfermes avec moi dans cette pièce jusqu’à nous manquer à nous même et n’être plus vraiment mais faire quelque chose qui passe d’un corps à l’autre et le démonte et le remonte infiniment comme il faudrait verrouiller les portes et le monde et le bannir de ce lit et de cette pièce qui transpire maintenant de toi ma sueur je la voudrais encore et plus encore contre ton ventre et se mêler à ta peau comme il n’aurait pas fallu que je te rencontre et te fouille comme j’aurais dû te laisser aller courir les femmes de nuit faites pour cela n’attendant de toi que cela que maintenant que je ne sais plus que faire de ce corps qui ne cède pas à l’épuisement comme je ne supporte pas ce quelque chose de toi qui fuit à travers la ville comme finalement c’est quelque chose de moi en toi qui fuit dans cette ville comme finalement je suis abusé par la rue sans que je le sache comme la rue m’attend déjà comme il faudra que je m’habille à mon tour et recouvre mon cul ce cul de rue abusant de la rue et de la nuit mon cul cherchant dans la ville de quoi s’épuiser et s’abuser et s’user comme finalement je cherche déjà quelque chose qui m’attend et me précède et demande à ce que je cède et m’use et m’abaisse et poursuive les femmes de nuit faites pour cela et faite pour faire cela de moi et d’elles comme finalement je sais déjà que cette nuit j’irai me fourrer dans leurs fripes et leurs plumes leurs faux cils et faux seins et qu’elles me feront tournoyer dedans et que je ferai tourner ce qui fait tourner que ce qui tourne dans les yeux sont paillettes et strass que ce qui fait tourner les yeux sont des lèvres ouvertes et rouges et que nos lèvres ouverte et rouges s’élargiront pour t’appeler et que nos cul tourneront dans la nuit et la lumière de la nuit pour t’appeler comme finalement nous feront de nos bouches cet élargissement de nous même qui t’appelle et qui appelle à ce que tu viennes dedans et nous ferons tourner nos corps dans cette nuit et dans la lumière de la nuit car je sais déjà que tu es là au bar car je sais déjà que tu me regardes et que tu regardes les femmes de nuit faites pour cela que tu nous regardes tournoyer dans la lumière et appeler avec nos cul et nos yeux comme finalement maintenant c’est toi qui m’attends comme finalement tu m’as attendu tout le jour comme finalement je suis l’attente de plusieurs heures de plusieurs jours comme finalement c’est toi qui a parcouru les rues le cul usé de ne pas être usé comme finalement maintenant c’est toi qui m’attends et qui restes au bar sidéré par moi plein de strass comme je sais déjà ce que je vais faire comme je sais déjà comment je vais m’avancer vers toi qui regardes les femmes de nuit faites pour cela comme je sais que tu les regardes pour ne pas encore me voir pour ne pas vouloir savoir que je vais venir que déjà je sors de la lumière pour la pénombre dans laquelle tu te tiens comme je sais que je suis déjà derrière toi maintenant et que je te vois et que je sais que je vais prendre ta bouche pour que tu me prennes et m’abaisses et m’uses car je sais que quelque chose en toi est déjà usé par moi et que tu vas user de moi toute cette nuit jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de cette lumière que je t’ai jetée.

Amandine André

Quelque chose, Amandine André Éditions Al Dante (17 mars 2015)

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DSC_0064bisRenverse (II)

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la cendre et l’air unifiés, c’est pour cela que je suis venu et que je vais encore venir et te poussant te voilà adossée au mur gris dans lequel reste encore un bleu ancien, le poids des épaules descend dans le bassin et t’abaisse un peu plus vers le sol

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