« car la beauté commence comme la terreur : à peine supportable… »
Club sandwich est une série de portraits qui s’articule avec deux autres Proud et What’s gouine on. Le portrait voudrait peut-être rendre et fixer l’identité d’une personne. Dans cette série ce que le portrait met en scène et en jeu c’est l’impossibilité de fixer une identité. Nous croyons l’avoir saisie, elle se dérobe. De l’ensemble du corps à une partie du corps, l’identité échappe et elle échappe parce qu’elle ne se présente pas mais se représente. L’identité ne vient pas prouver la réalité de la personne, c’est par un jeu de représentation et de fiction qu’ils fabriquent leur propre figure et élaborent leur personne vers un personnage. Ils sont leur propre engendrement et la progéniture de milliard d’images que leur corps digère et recrache. Ces portraits seraient déchus du monde du vrai, ils errent dans les marges obscures de l’imaginaire, créatures envahies par le désir qu’elles refluent vers le dehors menaçant le monde du vrai par un érotisme propre à détraquer les lignes droites de ce qui se veut sans fard. Ces créatures mentiraient-elles qu’elles ne mentiraient pas plus que le monde du vrai. Des masques et des parures, de la fourrure et du collant jusqu’au regard noirci, là où se trouve l’oeil maquillé et là où l’on pensait tomber dans le piège de l’imposture, se rejoue avec mille éclat une chair qui se manifeste et déborde. Le corps nu n’a pas plus avoir avec la vérité, la vérité nue, que le corps le plus vêtu.
L’accessoire, le masque, l’éventail, toute une panoplie qui fait de son propre corps, le lieu de tous les autres. C’est par eux et parce qu’ils viennent métamorphoser la tenue du corps que ces corps se retrouvent investis par d’autres corps.
« Fais comme moi : quand je pose une épingle à linge, je pense à Béhanzin, et toute la jeune fille qui voudrait quitter mon corps reste au bout de mes doigts – le pouce et l’index. Le pouce et l’index sont si délicats qu’à eux seuls ils sont toute la jeune fille. » Jean Genet, Le Bagne
Le tatouage, le maquillage sont des incantations qui font de ces corps des corps possédés. Un autre visage souffle derrière ce visage et l’aspire en retour. Ces créatures se montrent pleines et font penser au prisonnier dans Un chant d’amour qui, seul dans sa cellule, fait venir la femme en bandant le muscle du bras sur lequel se trouve le tatouage d’une femme. Ou encore, cet autre prisonnier qui en dansant convoque la femme par son déhanchement. C’est sa pleine virilité assoiffée de la femme absente qui dans sa plus haute intensité fait venir en elle le féminin et le rempli et l’envoie dans un autre monde, hors des murs de la prison. C’est ainsi que les prisonniers s’échappent.
Chacune de ces créatures troublent parce que dans leur apparence elles contiennent l’ici et l’ailleurs, l’homme et la femme, la bête et le souverain, le métal et la chair. La plus grande sauvagerie se louve dans les manières et la dentelle. Elles mettent en fonction le désir et promettent qu’à la fin notre tête finira servie sur un plateau.
Amandine André
Michel Foucault, Le corps utopique
« Le corps est comparable à une phrase qui nous inviterait à la désarticuler pour que se recomposent à travers une série d’anagrammes sans fin ses contenus véritables. » Hans Bellmer
Ce travail photographique réalisé par Alessandra d’Urso compte trois séries (Club sandwich, Proud, What’s gouine on), cette artiste souhaite éditer sur papier ce travail et recherche une maison d’édition qui souhaiterait accueillir et soutenir ce travail. Ce travail est exposé sur son site web.
par Véronique Bergen.
Je m’appelle Hélène, Hélène simulacre.com. Mon histoire sent la pluie du Péloponnèse, l’Asie Mineure, la mort en conserve, la vie en surgelé. Au moins bon de ma forme, je pratique une existence sur deux colonnes, sans ça, milk-shakant les siècles, les continents, je superpose avec brio ma vie et celle de la belle Hélène. Moi, Hélène, la poupée somnambule, je suis née pour déclencher la guerre.
par Myriam Pruvot
Levée de souffle, la vie manifeste accueille une série de chants. Il s’agit d’une seule prise, le chant est donné brut, improvisée, en acoustique et dans un lieux différent, à chaque prise.
Club sandwich
Série de 17 photographies d’Alessandra d’Urso
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« car la beauté commence comme la terreur :
à peine supportable… »
Club sandwich est une série de portraits qui s’articule avec deux autres Proud et What’s gouine on. Le portrait voudrait peut-être rendre et fixer l’identité d’une personne. Dans cette série ce que le portrait met en scène et en jeu c’est l’impossibilité de fixer une identité. Nous croyons l’avoir saisie, elle se dérobe. De l’ensemble du corps à une partie du corps, l’identité échappe et elle échappe parce qu’elle ne se présente pas mais se représente. L’identité ne vient pas prouver la réalité de la personne, c’est par un jeu de représentation et de fiction qu’ils fabriquent leur propre figure et élaborent leur personne vers un personnage. Ils sont leur propre engendrement et la progéniture de milliard d’images que leur corps digère et recrache. Ces portraits seraient déchus du monde du vrai, ils errent dans les marges obscures de l’imaginaire, créatures envahies par le désir qu’elles refluent vers le dehors menaçant le monde du vrai par un érotisme propre à détraquer les lignes droites de ce qui se veut sans fard. Ces créatures mentiraient-elles qu’elles ne mentiraient pas plus que le monde du vrai. Des masques et des parures, de la fourrure et du collant jusqu’au regard noirci, là où se trouve l’oeil maquillé et là où l’on pensait tomber dans le piège de l’imposture, se rejoue avec mille éclat une chair qui se manifeste et déborde. Le corps nu n’a pas plus avoir avec la vérité, la vérité nue, que le corps le plus vêtu.
L’accessoire, le masque, l’éventail, toute une panoplie qui fait de son propre corps, le lieu de tous les autres. C’est par eux et parce qu’ils viennent métamorphoser la tenue du corps que ces corps se retrouvent investis par d’autres corps.
Le tatouage, le maquillage sont des incantations qui font de ces corps des corps possédés. Un autre visage souffle derrière ce visage et l’aspire en retour. Ces créatures se montrent pleines et font penser au prisonnier dans Un chant d’amour qui, seul dans sa cellule, fait venir la femme en bandant le muscle du bras sur lequel se trouve le tatouage d’une femme. Ou encore, cet autre prisonnier qui en dansant convoque la femme par son déhanchement. C’est sa pleine virilité assoiffée de la femme absente qui dans sa plus haute intensité fait venir en elle le féminin et le rempli et l’envoie dans un autre monde, hors des murs de la prison. C’est ainsi que les prisonniers s’échappent.
Chacune de ces créatures troublent parce que dans leur apparence elles contiennent l’ici et l’ailleurs, l’homme et la femme, la bête et le souverain, le métal et la chair. La plus grande sauvagerie se louve dans les manières et la dentelle. Elles mettent en fonction le désir et promettent qu’à la fin notre tête finira servie sur un plateau.
Amandine André
Michel Foucault, Le corps utopique
Ce travail photographique réalisé par Alessandra d’Urso compte trois séries (Club sandwich, Proud, What’s gouine on), cette artiste souhaite éditer sur papier ce travail et recherche une maison d’édition qui souhaiterait accueillir et soutenir ce travail. Ce travail est exposé sur son site web.
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