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Résistances philosophiques, Véronique Bergen

« Qu’aucune situation ne soit jamais close, suturée à ses lois au point de ne pouvoir passer au-delà d’elle-même, telle est la conviction à laquelle se nourrit toute résistance. Que le règne du statu quo ne soit pas une fatalité devant laquelle s’incliner, qu’il n’y ait d’horizon qui interdise le lever d’horizons alternatifs, tel est son pari. » Véronique Bergen

« J’ai rencontré Véronique Bergen de la seule manière possible pour quelqu’un comme moi : par ses livres – et, surtout, sa thèse de doctorat sur Gilles Deleuze. Cette première rencontre était la découverte d’une pensée et d’une écriture dont un cliché veut que, dans les meilleurs cas, elles soient les témoignages d’une « voix ». Cela tout de suite m’a frappé : Véronique Bergen est une de ces « voix » de la pensée, dont les livres ne cessent de porter l’écho – qu’il s’agisse de ses romans, de sa poésie ou de sa philosophie. Au moment où je lui ai proposé d’écrire « Résistances philosophiques », toutefois, j’avais le sentiment que cette dernière était négligée. Véronique Bergen en publiait de nombreux fragments, toujours porteurs de la beauté singulière de son écriture et de sa pensée – mais en revues seulement : « Lignes », « Failles », « Multitudes », entre mille. Avec « Résistances philosophiques », j’étais heureux de ramener Véronique Bergen au livre de philosophie, en tant que le livre est le seul support véritable de la « voix ». Car il n’y a pas de « voix » sans écho, n’est-ce pas – c’est-à-dire sans public, sans cette publicité propre à l’édition. Même s’il s’agissait, avec ce livre, de faire parler Sartre, Deleuze ou Badiou de l’idée qu’ils se faisaient de ce qu’implique l’idée de résistance dans l’ordre de la pensée, il s’agissait en effet bien de la « voix » de Véronique Bergen elle-même. « Résistances philosophiques » était un exercice de ventriloquie – dont la virtuosité continue à m’ébouriffer : il suffit que je rejette un oeil au tableau récapitulatif figurant à la fin du livre pour m’en souvenir, si jamais je l’avais oublié. Mais dire que Véronique Bergen est une voix est oublier un trait : sa « voix » véritable, physique – sorte de feulement velouté exprimant une pensée sans début ni fin : une pensée par le milieu, comme l’est toujours, aussi, le ronronnement d’un chat. Je suis donc ravi que La vie manifeste/Intercessions ait choisi de mettre en ligne cet entretien avec Véronique Bergen, et d’ainsi proposer à ses auditeurs l’expérience toujours exquise d’un provisoire devenir-souris.  » Laurent de Sutter.

« Le siècle dernier n’a cessé d’illustrer la maxime suivante : être, c’est résister. Aujourd’hui encore, Sartre, Deleuze ou Badiou en restent les figures tutélaires. Mais de quelle résistance s’agit-il ? Contre quoi ? Et pour quoi ? Peut-être est-il grand temps de s’interroger sur ce que signifie l’acte de résister. Est-il vraiment suffisant de se dire contre pour être un résistant ? Ne faudrait-il pas plutôt assumer que toute résistance implique invention de mondes nouveaux ? Mais si c’est le cas, alors parler de résistance perd tout sens : c’est désormais de résistances au pluriel qu’il faut parler. Car nul ne peut prévoir le visage que prendra une résistance — sinon qu’elle aura celui de la singularité. » Véronique Bergen

Entretien avec Véronique Bergen, à propos de l’ouvrage Résistances philosophiques. ed Puf, collection Travaux pratiques


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Entretien et réalisation : Nicolas Zurstrassen