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Dette 5000 ans d’histoire

Entretien avec David Graeber à propos de l’ouvrage Dette : 5000 ans d’histoire qui vient d’être publié en Français aux éditions Les Liens qui Libèrent.

Un essai essentiel pour mieux comprendre l’histoire de la dette, la crise du crédit en cours et l’avenir de notre économie.
Un livre qui, remettant en perspective l’histoire de la dette depuis 5 000 ans, renverse les théories admises. L’auteur démontre que le système de crédit, apparu dès les premières sociétés agraires, précède de loin l’invention des pièces de monnaie. Quant au troc, il n’a toujours été qu’un pis-aller et ne s’est réellement développé que dans des situations particulières ou de crise. La dette a donc toujours structuré nos économies, nos rapports sociaux et jusqu’à nos représentations du monde.

David Graeber montre que le vocabulaire des écrits juridiques et religieux de l’Antiquité (des mots comme « culpabilité », « pardon » ou « rédemption ») est issu en grande partie des affrontements antiques sur la dette. Or il fonde jusqu’à nos conceptions les plus fondamentales du bien et du mal, jusqu’à l’idée que nous nous faisons de la liberté. Sans en avoir conscience, nous livrons toujours ces combats…

Selon l’auteur, l’endettement est une construction sociale fondatrice du pouvoir. Si autrefois les débiteurs insolvables ont nourri l’esclavage, aujourd’hui les emprunteurs pauvres – qu’il s’agisse de particuliers des pays riches ou d’États du tiers-monde – sont enchaînés aux systèmes de crédit. « L’histoire montre, explique Graeber, que le meilleur moyen de justifier des relations fondées sur la violence, de les faire passer pour morales, est de les recadrer en termes de dettes – cela crée aussitôt l’illusion que c’est la victime qui commet un méfait. » Trop d’économistes actuels perpétuent cette vieille illusion d’optique, selon laquelle l’opprobre est forcément à jeter sur les débiteurs, jamais sur les créanciers.
Ils oublient aussi une leçon déjà connue de la civilisation mésopotamienne: si l’on veut éviter l’explosion sociale, il faut savoir « effacer les tablettes »…


Télécharger l’entretien avec David Graeber
Durée : 58mn
Entretien : Emmanuel Moreira et Nicolas Haeringer
Réalisation et Production : Radio Grenouille

David Graeber enseigne l’anthropologie à la London School of Economics. Il est également l’un des initiateurs d’Occupy Wall Street. Il est l’auteur de Fragments of an Anarchist Anthropology, Towards an Anthropological Theory of Value : The False Coin of Our Own Dreams ainsi que de Direct Action : an ethnography. Son dernier ouvrage, Debt, the first 5000 years, vient d’être publié en Français aux éditions Les Liens qui Libèrent.

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Entretien radiophonique et réalisation : Emmanuel Moreira

Image : Alice LewisPaul Jorion, entretien

Sommaire de l’entretien

De la critique de l’économie politique / Du dire vrai : Prophète, expert et scientifique / De l’effondrement du système / Les objets nous possèdent plus que nous les possédons / De la critique du mot volonté / De la critique de la notion de propriété privé / De la critique du mot valeur / De la critique du contrat social et de la souveraineté / De la formation des élites / Discussions de quelques propositions de Frédéric Lordon / De la rébellion à la révolution / De l’indépendance de la parole de Paul Jorion.