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Ossama Mohammed, « Eau Argentée », Intervention radiophonique

Lors de la dernière édition du Festival International de Cinéma (FID 2014) nous avions rencontré Ossama Mohammed, réalisateur du film Eau argentée, Syrie Autoportrait.

En Syrie, les Youtubeurs filment et meurent tous les jours. Tandis que d’autres tuent et filment. À Paris, je ne peux que filmer le ciel et monter ces images youtube, guidé par cet amour indéfectible de la Syrie. De cette tension entre ma distance, mon pays et la révolution est née une rencontre. Une jeune cinéaste Kurde de Homs m’a « Tchaté » : « Si ta caméra était ici à Homs, que filmerais-tu ? » Le film est l’histoire de ce partage.

Eau Argentée ne peut laisser indifférent. Portrait d’un pays en guerre. Portrait d’une révolution massacrée. Dans ce contexte, bombarder ou tirer sur quelqu’un n’est qu’une forme de la volonté de se faire embrasser les bottes. Portrait d’une humanité faite d’oppresseurs et d’opprimés, de bourreaux et de victimes, de révolutionnaires et de contre-révolutionnaires. Portrait d’un cinéaste trop loin pour filmer la guerre et qui ne peut s’y résoudre, cherchant dans les nuages, la pluie, quelques dépôts de cendres venues de Syrie. Portrait d’un peuple qui fait des cadavres des appâts et portrait d’un peuple qui récupère ses cadavres sous les tirs. Portrait d’un peuple abîmé avec des images abîmées. Portrait d’un peuple qui ne peut s’y résoudre. Portrait d’animaux meurtris. Portrait d’enfants. Portrait d’enfants regardant Charlie Chaplin, dans une ville défaite. Portrait d’un désastre. Portrait d’une honte.
Eau Argentée ne peut laisser indifférent. Ce film invite à suspendre la parole, non pas qu’il prive de langue et rende muet, mais suspendre le bruit fait de cette langue avalée chaque jours à la radio, à la télé, dans la presse, qui s’affole et évide le sens. Peu de mots peuvent dire. Aucun mot ne pourrait dire. Les images parlent.

Au lendemain de la projection de ce film, il n’était pas envisageable de réaliser un entretien avec le cinéaste. Les mots, la discussion, allait recouvrir les images. Nous ne le voulions pas, lui non plus. Nous lui avons proposé de demeurer seul, face au micro, dans le studio, et de répondre à quelques questions laissées par écrit. C’est ce document exceptionnel que nous vous proposons en intégralité traduit de l’arabe par Fatma Ahmed & Georges Daaboul.

VERSION FRANÇAISE
Traduction de l’arabe : Fatma Ahmed & Georges Daaboul

ARABIC VERSION

Réalisation : Emmanuel Moreira
Production : Radio Grenouille / Festival International de Cinéma, Marseille

Retrouvez les autres émissions et entretiens réalisés à l’occasion du FID 2014 sur www.radiogrenouille.com/fidplus

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15_BasJanAder

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Border

Capture d’écran 2014-11-17 à 21.31.46

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