© Image Max Kuiper All rights reserved.

En finir avec le capitalisme thérapeutique, Josep Rafanell i Orra

Soin, politique et communauté

Une correspondance de voix à voix.
L’émergence d’une communauté éphémère.

La thérapeutique n’est rien d’autre que relation
et le petit secret angoissant du thérapeute
c’est qu’il ne sait faire que ce que la relation lui fait faire.
Au fond n’importe qui est thérapeute pour peu que quelque chose de la communauté soit activé.
Pour qu’il se passe quelque chose avec un thérapeute il faut bien qu’il se risque à la communauté, même éphémère.

Comment faire collectif à deux ?


Entretien radiophonique et réalisation : Nicolas Zurstrassen
correspondance avec Josep Rafanell i Orra.mp3 – Durée : 1h35
Avec l’amicale médiation de Patrick Fontana

L’Etat demande de plus en plus aux psys et aux travailleurs sociaux d’être des auxiliaires de l’ordre, un ordre qui se fabrique en lien avec l’économie. Il n’est désormais question que de produire des individus motivés, capables de faire valoir leur singularité, pouvant être évalués : il faut les inciter à valoriser leur « capital » humain. La transformation touche autant ceux qui doivent être évalués que les évaluateurs eux-mêmes. Mais peut-on se contenter de dénoncer ? Il faut d’abord « sentir » le désastre. On suivra ainsi l’auteur dans sa déambulation dans les lieux où il exerce : avec des usagers de cracks, dans des squats, dans une prison, avec les assistantes familiales de l’Aide sociale à l’enfance, avec les chômeurs en grève, avec les Roms expulsés. Au cours de cette déambulation on ne rencontre pas des individus paumés, désinsérés mais des personnes actives qui appartiennent à des collectifs. Ils doivent apprendre à faire face aux menaces permanentes de destruction que les « polices du social » font régner sur eux. Pour l’auteur qui a appris son métier de psychologue avec Tobie Nathan, ce sont ces collectifs qui permettent l’invention d’une « communisation » de l’expérience. Pour lui, il n’y a pas de thérapeutique possible sans de tels lieux, où se rencontrent les mondes des patients et les mondes des thérapeutes. Les thérapeutes ne peuvent pas rester neutres : ils sont amenés s’ils veulent faire leur travail, à s’engager dans une éthique de la relation qui oblige à la rupture politique avec un système qui intègre, neutralise ou subordonne les différences. La thérapeutique passe, au contraire, par la fabrication de tels lieux.

A propos de l’ouvrage « En finir avec le capitalisme thérapeutique. Soin, politique et communauté », Empêcheurs de penser en rond, coll. « La découverte », 2011.