Photographies de Nathalie Blanchard / Texte de Federico Ferrari
Pour un matérialisme extatique
Nous vivons dans un manque de réel. C’est ce qu’on nous répète tous les jours. Et c’est peut être vrai.
Mais, en même temps, nous sommes plongés tout le temps dans un excès de réel, dans un réalisme étouffant.
En effet, ce qu’il nous faut c’est du possible ou, encore plus, de l’impossible.
Si notre condition est celle d’une soumission au royaume de l’image, à son inconsistance, à sa virtualité, alors nous demandons qu’il nous soit donné ce qui reste à voir dans l’image, ce qui dans l’image reste encore et à jamais à voir, son invu.
Nous ne devons pas fuir les images pour revenir au réel. Il n’y a pas cette alternative. Il faut en finir avec toute nostalgie platonicienne néo-situationniste.
Il nous faut des images à même le réel, des images capables de nous montrer le réel, la présence du réel même dans la virtualité de l’image.
C’est seulement par le biais des ces images que nous retrouverons le monde, le réel du monde. C’est par ces images que nous serons à même de voir l’invu du monde, ce qui reste encore à voir et à faire dans ce monde réel et matériel que l’image nous montre.
Il nous faut un matérialisme extatique. Un imaginaire matérialiste capable de faire sortir la matière, le réel de la matière de son coté immobile, de tout réalisme.
Nous voulons sortir du matérialisme économico-scientifique. Nous voulons une extase de la matière, nous voulons voir la matière se révolter de son immobilité.
Nous voulons un imaginaire visionnaire. De nouvelles visions de l’impossible. Nous voulons de l’invu.
Et tout ça ne se passe pas ailleurs, c’est une extase ici et maintenant, sans aucune transcendance.
Ici dans cette image, dans cette matière mourante et vivante en même temps.
Nous sommes cette matière, nous sommes l’image de cette extase. Nous sommes les figures invues d’un matérialisme extatique.
Ouvrons nos yeux, laissons y entrer l’invu.
Le monde est là, tout à voir, tout à penser, tout à transformer.
Federico Ferrari
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lettre Federico / © Image Nathalie Blanchard
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Triptyque 1 matérialisme / © Image Nathalie Blanchard
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nature mourante 5 / © Image Nathalie Blanchard
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pincement / © Image Nathalie Blanchard
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ambré / © Image Nathalie Blanchard
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Triptyque 2 matérialisme / © Image Nathalie Blanchard
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le rendez-vous / © Image Nathalie Blanchard
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extase / © Image Nathalie Blanchard
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gerçures / © Image Nathalie Blanchard
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Beelitz en Avril / © Image Nathalie Blanchard
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sans tire / © Image Nathalie Blanchard
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Beelitz en Avril 2 / © Image Nathalie Blanchard
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Beelitz en Avril 3 / © Image Nathalie Blanchard
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Beelitz en Avril 4 / © Image Nathalie Blanchard
Pour un matérialisme extatique est un écho, un va et vient.
Au début, en janvier 2011, il y a La vie Manifeste. Se joue sur cet espace du web, la tentative de la meute, du bloc, de l’invention, de l’expérience de la pensée. Des noms le parcourent, Baudrillard, Mondzain, Manchev, Stiegler ou bien encore Nancy. Quelques-unes de mes photographies ont la chance d’accompagner certains de leurs écrits. Federico Ferrari, qui lit La vie Manifeste, me renvoie un premier écho par mail; mes images donnent à penser. Je découvre à mon tour son écriture ; Nus sommes (la peau des images), co-écrit avec Jean-Luc Nancy. Je viens de présenter l’exposition Filtres et pellicules. Nos univers se parlent par endroits. Le voir est à dénuder.
Federico se met à fabriquer à partir de mes images des associations que je n’aurais pas moi-même imaginées. Elles me redonnent à voir autrement, révèlent des liens et me précisent quelque chose de mon regard. Elles me redonnent à photographier. En avril je repars dans un lieu, loin, que je connaissais déjà. J’en redécouvre autre chose encore. J’y rencontre des matières qui se débattent contre l’usure du temps.
A mesure que s’accumulent les clichés et se précise l’écriture de Federico, quelque chose se raconte, se manifeste. Ce ne sont pas des thèmes communs dans ce qui est représenté qui lient les images, c’est autre chose ; la matière elle-même, dans son essence, sans doute. Elle est ce qui tente de résister au recouvrement, au temps ou au virtuel. Il y a manifestation, sortie, extase de quelque chose. C’est cela même qui produit le réel.
Federico écrit un manifeste qui amène à cette idée, en regard des photographies qu’il a sélectionnées. Les nouvelles photographies ramenées du lieu lointain se mettent à parler aussi avec. Je lui redonne, il réécrit. Nous modifions encore, et encore… jusqu’à la matérialité des tirages.
Nathalie Blanchard
Pour un matérialisme extatique.
Photographies de Nathalie Blanchard / Texte de Federico Ferrari
Pour un matérialisme extatique
Nous vivons dans un manque de réel. C’est ce qu’on nous répète tous les jours. Et c’est peut être vrai.
Mais, en même temps, nous sommes plongés tout le temps dans un excès de réel, dans un réalisme étouffant.
En effet, ce qu’il nous faut c’est du possible ou, encore plus, de l’impossible.
Si notre condition est celle d’une soumission au royaume de l’image, à son inconsistance, à sa virtualité, alors nous demandons qu’il nous soit donné ce qui reste à voir dans l’image, ce qui dans l’image reste encore et à jamais à voir, son invu.
Nous ne devons pas fuir les images pour revenir au réel. Il n’y a pas cette alternative. Il faut en finir avec toute nostalgie platonicienne néo-situationniste.
Il nous faut des images à même le réel, des images capables de nous montrer le réel, la présence du réel même dans la virtualité de l’image.
C’est seulement par le biais des ces images que nous retrouverons le monde, le réel du monde. C’est par ces images que nous serons à même de voir l’invu du monde, ce qui reste encore à voir et à faire dans ce monde réel et matériel que l’image nous montre.
Il nous faut un matérialisme extatique. Un imaginaire matérialiste capable de faire sortir la matière, le réel de la matière de son coté immobile, de tout réalisme.
Nous voulons sortir du matérialisme économico-scientifique. Nous voulons une extase de la matière, nous voulons voir la matière se révolter de son immobilité.
Nous voulons un imaginaire visionnaire. De nouvelles visions de l’impossible. Nous voulons de l’invu.
Et tout ça ne se passe pas ailleurs, c’est une extase ici et maintenant, sans aucune transcendance.
Ici dans cette image, dans cette matière mourante et vivante en même temps.
Nous sommes cette matière, nous sommes l’image de cette extase. Nous sommes les figures invues d’un matérialisme extatique.
Ouvrons nos yeux, laissons y entrer l’invu.
Le monde est là, tout à voir, tout à penser, tout à transformer.
Federico Ferrari
Pour un matérialisme extatique est un écho, un va et vient.
Au début, en janvier 2011, il y a La vie Manifeste. Se joue sur cet espace du web, la tentative de la meute, du bloc, de l’invention, de l’expérience de la pensée. Des noms le parcourent, Baudrillard, Mondzain, Manchev, Stiegler ou bien encore Nancy. Quelques-unes de mes photographies ont la chance d’accompagner certains de leurs écrits. Federico Ferrari, qui lit La vie Manifeste, me renvoie un premier écho par mail; mes images donnent à penser. Je découvre à mon tour son écriture ; Nus sommes (la peau des images), co-écrit avec Jean-Luc Nancy. Je viens de présenter l’exposition Filtres et pellicules. Nos univers se parlent par endroits. Le voir est à dénuder.
Federico se met à fabriquer à partir de mes images des associations que je n’aurais pas moi-même imaginées. Elles me redonnent à voir autrement, révèlent des liens et me précisent quelque chose de mon regard. Elles me redonnent à photographier. En avril je repars dans un lieu, loin, que je connaissais déjà. J’en redécouvre autre chose encore. J’y rencontre des matières qui se débattent contre l’usure du temps.
A mesure que s’accumulent les clichés et se précise l’écriture de Federico, quelque chose se raconte, se manifeste. Ce ne sont pas des thèmes communs dans ce qui est représenté qui lient les images, c’est autre chose ; la matière elle-même, dans son essence, sans doute. Elle est ce qui tente de résister au recouvrement, au temps ou au virtuel. Il y a manifestation, sortie, extase de quelque chose. C’est cela même qui produit le réel.
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