© Image François Santerre. All rights reserved

Expérimentations politiques, Maurizio Lazzarato

La webradio A Bout de Souffle porpose un entretien avec Maurizio Lazzarato, sociologue et philosophe, à propos de son dernier ouvrage « Expérimentations politiques ». Ce livre est l’étude d’un conflit social, celui portant sur la restructuration du régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle.

Lazzarato, experimentations politiques.mp3

Musique : Dj Spooky
Entretien radiophonique et réalisation : Emmanuel Moreira

 

Un mouvement qui a révélé selon l’auteur l’impuissance des grilles de lecture du marxisme à penser les lignes de conflits contemporaines, sûrement et surtout parce qu’il s’agissait et qu’il s’agit encore d’un conflit non pas social mais sur et à propos du social lui-même, de son gouvernement et par là-même du gouvernement des conduites. Ce conflit sera examiné par Maurizio Lazzarato avec la boîte à outils de Foucault, les concepts de Deuleuze et Guattari et la révolution duchampienne.
L’ouvrage « Expérimentations politiques » comme les précédents, notamment les révolutions du capitalisme, énoncent et déploie une philosophie politique fondée sur les philosophies de la différences. A ce titre Mai 68, serait moins un sursaut du marxisme que la première manifestation de cette philosophie politique.
Si nous la devons à Deleuze, Guattari ou Michel Foucault, nous la devons aussi aux penseurs de la fin du XIX°siècle juste avant que le XX°siècle ne sombre dans une série de guerres qui recouvrira tout le siècle et dont nous sortons tout juste. Parmis ces intellectuels, le sociologue Garbiel Tarde a retenu l’attention de Maurizio Lazzarato comme celle de Deleuze d’ailleurs. Avec Gabriel Tarde s’inaugure une théorie sociale de la multiplicité. Une micro-sociologie à laquelle répond une théorie des micro-pouvoir déployé par Michel Foucault.
Hériter de 68, serait défaire les totalités du Marxisme, celles qui énoncent des sujets clivés en classes, qui fait de la relation capital / travail la relation principale quand elle en n’est qu’une relation spécifique parmis d’autres et dont il nous faut penser l’agencement.
Hériter de 68, ce serait aussi repenser le capitalisme qui n’est plus celui de Marx, qui plus est branché sur l’Etat-providence, formant ce qu’il convient d’appeler les sociétés de sécurité ou les sociétés de contrôle.
C’est sans doute parce que Marx n’entends rien de la multiplicité, qu’il développe une théorie de la législation séparé de la transgression, accouchant ainsi du concept d’aliénation, concept incapable de rendre compte de la puissance d’invention, dans l’écart qui se joue entre les codes (lois et morales) et les modes (style de vie). Or, c’est parce qu’il y a une multiplicité de dispositifs et de relations de pouvoirs qu’il y a une multiplicité de modes de subjectivation.
Dans une même lutte interviennent et agissent différentes formes de résistences, écrit Maurizio Lazzarato : « résistence au pouvoir en tant qu’il exerce une souveraineté politique, résistance au pouvoir en tant qu’il exploite économiquement, et résistance au pouvoir en tant que gouvernement des corps et des âmes ». Aussi quand Marx pense en terme Hégélien de résolution, nous devons penser en terme de stratégie, car les dispositifs de pouvoir ne se contredisent pas.
L’entretien avec Maurizio Lazzarato se déploie en trois partie :
– Le gouvernement des inégalités ou comment il est temps de sortir du marxisme et d’inventer un nouvelle Etat-providence.
– La dynamique de l’évènement politique ou comment la conscience et le discursif ne saurait avoir le monopole de la production de subjectivité et de la rupture existentielle.
– Appauvrissement économique et appauvrissement subjectif dans le néolibéralisme ou l’art et la culture comme technique de gouvernement de la subjectivité nous oblige à penser ensemble révolution politique et révolution du sensible.

Pour en savoir plus sur le mouvement des intermittents et précaires, lien vers le site de la coordination