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Les Pourpleurer. Exercice II

On aurait pleuré. Oui. Tant cela n’était fait que pour pleurer. Fallait-il pleurer ? Tout cela n’était fait que pour pleurer. On en aurait pleuré. Oui. Tant cela n’était fait que pour pleurer. Pour pleurer seulement. Pour en pleurer il aurait fallu que tout ait été fait pour pleurer. Pour pleurer tant cela était fait pour. Pleurer qu’il n’y aurait eu rien d’autre que cela tant cela était fait pour. Tant cela n’était qu’à pleurer. Seulement. Tout y portait. Oui. Tout portait à ce que cela ne soit fait que pour pleurer. Cela n’aura pas été fait autrement pour que tout y porte. Que tout porte à pleurer. Tant cela n’a jamais été fait que pour pleurer. Et que pleurer c’était le faire seul. Oui. On en aurait pleuré. On l’aurait peut-être bien fait. On l’aurait fait avec tout ce qui porte à pleurer. Avec le fait que c’est à pleurer seulement qu’on pleure. Oui. On aurait pleuré. Il aurait fallu pleurer. Oui. Tout cela n’était fait que pour qu’on en pleure et qu’on en pleure mal. C’était à pleurer. C’était à en pleurer tellement qu’on en aurait pleuré. Et on aura pleuré. Tant cela n’était fait que pour pleurer. On en aurait pleuré de pleurer. On en aurait pleuré cela n’aurait pas été suffisant à faire qu’on pleure. Tant cela n’aura jamais été. Qu’on pleure et qu’on pleure mal. Tout cela n’est pas fait pour qu’on pleure. Les pleurs sont trop petits tout cela n’est que trop petit tout cela est trop fait pour qu’on en pleure. Jamais on n’aura pleuré. Il aura fallu beaucoup pleurer pour que pleurer ne soit plus fait pour. Mais on n’aura jamais fait que pleurer soit à pleurer. On n’aura jamais fait pour que pleurer ne soit que pleurer. Qu’il n’y ait rien d’autre que pleurer. Que pleurer soit tout. C’est à pleurer. Oui. C’est à pleurer qu’on y arrive si peu. Si mal. Pas du tout. On n’aura pas du tout pleuré. On en aurait pleuré. On aurait été ensemble. Ensemble est à pleurer. Oui. On aura été ensemble que pour pleurer. On aura été ensemble pour que pleurer soit encore pleurer. Ensemble presque à pleurer. Tant cela était fait pour qu’on pleure ensemble pour que pleurer ressemblât à quelque chose. À quelque chose qui ferait qu’on soit ensemble et qu’il n’y ait pas ce quelque chose sans en pleurer. Oui. Tant cela était fait pour. Tant cela n’a jamais été fait que pour que nous soyons ensemble. Presque. Pour qu’à la fin on pleure d’être ensemble. On aura été ensemble. Non. On aurait été ensemble qu’il aurait fallu bien faire en sorte d’y être. On n’aura été ensemble que pour ne jamais y être. Finalement. Que pour n’y être jamais. Que pour n’avoir jamais su y être. Que pour n’avoir pas su être ensemble. Finalement. Tant cela était fait pour ne pas se pouvoir. Finalement. Tant cela n’a jamais pu être autre chose que mal. C’était mal qu’on aura été ensemble. C’est-à-dire, qu’on aura été ensemble pas autrement que mal. Assez peu. Finalement. Pas assez. Qu’ensemble mal. Et on en aurait pleuré. Oui. C’était à pleurer. Oui. On en aurait pleuré cela n’aurait pas fait autrement. Cela n’aurait pas fait autrement et cela n’aura pas été fait autrement qu’ensemble restât si peu. Ensemble est parfois si peu de chose. Cela n’aura pas fait autrement qu’on ne soit, finalement, jamais. Ensemble. Et qu’ensemble. C’est encore ensemble. Quand bien même. C’est encore ensemble qu’ensemble se fit si mal. Si peu. Si modestement. Si lamentablement. Et qu’on ait été ensemble ne suffit plus à faire qu’on le fût. Finalement. Qu’on ait été ensemble ne maintient pas qu’on pourra encore l’être. Finalement, qu’à la fin on eut été ensemble n’aura jamais pu faire qu’on l’eut été autrement. On n’aura jamais été qu’autrement l’un avec l’autre. Que mal. Que moindre. Que pas assez. Que pas du tout. Tant cela était fait, tant cela était pourtant fait pour qu’on le fût autrement que mal. Autrement que moindre. Autrement que pas assez. Autrement que pas du tout. C’est entièrement qu’on aura été ensemble et on l’aura été insuffisamment. Qu’insuffisamment. C’est à pleurer et pleurer changerait-il ? Oui. Non. On aurait pleuré mais ceci ne prouve pas plus, et ne porte pas plus à dire, et ne porte pas plus à croire, on aura été ensemble en fin de compte. Finalement. C’est à pleurer. Finalement ne dit pas d’avantage qu’il aura fallu beaucoup compter pour en finir et que compter c’était déjà finir. Finalement, qu’ensemble tout porta à en finir. Qu’ensemble n’aura pas été autrement possible qu’en comptant. Que c’est en comptant que tout commença par finir. Que jusqu’aux larmes et aux pleurs on aura compté et on les aura comptés et pesés les larmes les pleurs pour qu’on en finisse d’être ensemble. Même si ensemble n’a été que moindre, que peu. Il n’y avait plus personne à vouloir que ce fut mal. Moindre. Peu. Pas assez. Mal encore. Quand bien même. Quand bien même il n’y aurait plus personne à le vouloir on aura été ensemble, finalement. Même seuls. Encore, seul c’était encore être ensemble parce que nous l’avions voulu parce que nous ne pouvions que le vouloir. Et nous avons beaucoup voulu. Seuls. Et pleurer donnerait-il le change à ce que nous avions été si mal si moindre si peu ensemble ? Que non. Et si cela donnait le change cela ne ferait pas moins qu’ensemble reste à venir. Finalement. Même mal, même de travers, même en boitant, ensemble reste à venir. Ce serait un bon début. Seulement, seulement on aura tout mal fait. On n’aura jamais su faire autrement que mal. Cela changerait-il ? Peut-être. On n’aura été ensemble que pour se séparer. Finalement. C’est séparé qu’on aura toujours voulu. Et tout cela ensemble. Tout cela pour que rien n’arrive. Pour que n’arrive que ce qui sépare de rien. On en n’aurait pas moins pleuré. Et on en n’aura pas moins pleuré que les autres. On en aura pas moins réussi ni plus réussi. Non. On en aura pas été plus excusé ni moins excusé. Mais on aura échoué à réussir et échoué à échouer. On aura été mal et mal à être et mal à pleurer. On aura été maladement pour toute chose parce qu’on n’a jamais pu faire autrement qu’être malade. Parce qu’on n’aurait pas pu faire autrement que de vouloir, même mal. Et ensemble encore. Seulement. On aura beaucoup pleuré. Oui.

Amandine André