© Image Nathalie Blanchard. All rights reserved

L’altération du monde, Boyan Manchev

Entretien avec Boyan Manchev
« L’altération c’est le mouvement de l’altérité radicale. L’altérité qui s’excède et par conséquent rend impossible la prise de l’altérité. » Boyan Manchev, L’altération du monde

Boyan Manchev est philosophe, il enseigne à la nouvelle université de Bulgarie à Sofia. Il a publié L’altération du monde aux éditions Lignes et dernièrement La métamorphose et l’instant aux éditions La phocide. Il publie régulièrement des écrits critiques sur la danse.

« La matière – cela même qu’il y a – essentiellement se modifie. Elle n’est pas une substance elle est l’extension et l’expansion des modes, ou bien pour le dire de la manière la plus exacte, elle est l’exposition de ce qu’il y a. »

 

« La véritable radicalité de la thèse sur l’altération, consiste avant tout dans le rapport qu’elle établie entre le concept de matière et l’idée de forces activent du processus de subjectivation. Le processus de subjectivation est pensé en tant que processus matériel, car il s’effectue par le biais de l’opération altérante : L’altération de la matière sensible. Le sujet processus est pensé non comme ce qui soustend la permanence et l’identité de la matière, lors du changement incessant et déchainé des formes, mais comme la métamorphose elle-même. »

tonimage

A partir de la notion d’altération qu’il trouve chez Georges Bataille, auteur dont il s’est infecté, Boyan Manchev tente de penser l’être à partir de son bord. Là où il est en friction avec le monde. Altéré et infecté par de l’autre. Avec le matérialisme révolutionnaire emprunté à Georges Bataille, Boyan Manchev veut croire en l’existence d’une force de persistance de la matière qui lui interdirait de s’actualiser totalement, c’est-à-dire de se figer dans une forme. Si nous le suivons, la forme ne serait pas un élément stable, mais un mode dynamique indissociable de l’informe. Boyan Manchev propose une philosophie du mouvement imaginant le corps comme une composition d’instants singuliers, un conglomérat de greffes. Un corps sans puissance pure, c’est-à-dire porteur d’une énergie composite qui ne peut-être réductible à sa captation. Une puissance indomptable, échappant à son exploitation. Ses écrits nous donnent des outils pour penser un monde non fini et un corps non immunisé à la puissance transformatrice de l’expérience sensible.

 

La vie, c’est l’excès permanent de la vie. La vie – ce qui ne peut jamais être organisé jusqu’au bout : la dés-organisation de la vie. Boyan Manchev, La métamorphose et l’instant


Entretien avec Boyan Manchev.mp3
Entretien radiophonique : Emmanuel Moreira & Amandine André
Réalisation : Emmanuel Moreira
Musique : Otomo Yoshihide & Biosphère Deathprod
Sam Taylor-Wood – Still Life (2001)

 

//////////////////////////////// Autres documents

epiderme © Image Nathalie BlanchardL’ image intense

Entretien avec Boyan Manchev autour de L’Altération du monde. Pour une esthétique radicale (Lignes, avril 2009)

Cet été, Frédéric Neyrat nous a fait part d’un échange qu’il avait eu en mai 2009 avec Boyan Manchev à propos de son ouvrage L’altération du monde. C’est le contenu de cet entretien que nous publions ici et cela aussi pour prolonger un autre entretien – audio – que nous avions eu avec Boyan Manchev, toujours autours de cet ouvrage publié aux éditions Lignes.

F1000008Michel Surya à propos de Georges Bataille, entretien

C’est à l’occasion de la réédition de Georges Bataille, la mort à l’œuvre et de la parution aux éditions de l’Éclat, Sainteté de Bataille, que nous avons rencontré Michel Surya.

journalallemandnathalieblanchardL’excès du monde

par Boyan Manchev – Fragments pour Federico Ferrari –

Et voilà, je suis là, aux confins du monde. Mes notes de la fin du monde ont trempé d’humidité en moins d’une heure, pendant que je les feuilletais assis sous la treille du dernier hôtel, au-delà duquel est seulement le désert. Le vent est presque orageux, il meut des massifs d’air, lourds d’humidité, et pourtant tout a l’air figé. Tout se fige.
L’humidité est aussi dense qu’elle couvre le soleil, elle obscurcit le ciel. L’horizon n’est plus une limite. Il est l’espacement, la saturation qui me traverse.