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Crédit à mort

Entretien avec Anselm Jappe à propos de l’ouvrage Crédit à Mort. La décomposition du capitalisme et ses critiques, publié aux Nouvelles éditions Lignes.

 La seule chance est celle de sortir du capitalisme industriel et de ses fondements, c’est-à-dire de la marchandise et de son fétichisme, de la valeur, de l’argent, du marché, de l’État, de la concurrence, de la Nation, du patriarcat, du travail et du narcissisme, au lieu de les aménager, de s’en emparer, de les améliorer ou de s’en servir.
A. Jappe

C’est à partir de la critique du fétichisme de la marchandise et de la valeur que l’auteur cerne notre moment. Cet ouvrage est la mise à l’épreuve des théories critiques élaborées à partir des années 80 dans les revues Allemandes Krisis et Exit et par Moise Postone aux Etats Unis, afin de mesurer si elles permettent mieux que d’autres de comprendre ce qui nous arrive.

S’il s’agit bien d’une critique marxiste, celle-ci abandonne la centralité du concept de luttes de classes considérant qu’il ne peut plus suffire de changer les modes de distribution des richesses. Cela, parce que la critique de la valeur révèle une contradiction dynamique et interne au capitalisme, dont la crise ouverte en 2008 en serait l’accomplissement. Une contradiction qui conduit nécessairement le capitalisme à la destruction de la valeur et par conséquent de la richesse. De richesse il n’y en à donc plus suffisamment pour relancer le capitalisme social des années 60 : un capitalisme de plein emploi, de salaires élevés et de l’école ascenseur. Pour comprendre cette situation, nous discuterons dans cet entretien de la manière dont la valeur se constitue à travers le concept de travail abstrait, du rôle de la technologie dans la diminution de la valeur et le rôle du crédit, de la finance dans la prolongation de l’agonie du capitalisme.

L’ouvrage constitue également une critique de la culture, de la modernité et du sujet, s’appuyant sur le fétichisme de la marchandise comme structure déterminante des formes même de l’agir et de la pensée. Ce que le capitalisme emportera avec lui dans son écroulement, c’est la socialisation telle qu’elle s’est constituée depuis la révolution du capitalisme anglais de Manchester. Un écroulement susceptible de mettre à nu le sujet automate du capitalisme incapable de se socialiser autrement que par l’échange d’unité de valeur.

Anselm Jappe est philosophe, ancien membre du groupe Krisis (Nuremberg), il a publié de nombreux articles dans divers revues et journaux dont Iride (Florence), Il manifesto (Rome), L’indice (Milan), Mania (Barcelone), Lignes (Paris), Illusio (Caen) et publie dans la revue allemande Exit !. Théoricien de la valeur et spécialiste de Guy Debord, Anselm Jappe a notamment publié : « Guy Debord » (éditions Denoël, 2001), « Les Aventures de la marchandise : pour une nouvelle critique de la valeur », (éditions Denoël, 2003) et « Les Habits neufs de l’empire » avec R. Kurz (éditions Lignes, 2004).

Crédit à mort, télécharger l’entretien avec Anselm Jappe
Duréé : 80mn
Entretien radiophonique et réalisation : Emmanuel Moreira
Archives :
Extrait de la conférence de Slavoj Zizek, – La mort de Lacan donnée au Centre Pompidou le 30 mai 2007.
Extrait du vote au parlement Greg validant une série de mesures d’austérités.
Musique : Peer Raben et Antoine Duhamel

 

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