© Image Linde Van Raeschelder. All rights reserved

Hauts Cris (miniature), Vincent Dupont

Vincent Dupont occupe dans le paysage chorégraphique une place singulière de par l’importance dans ses pièces du son, de l’image et du texte. Son travail se concentre sur des matériaux qui contournent l’équilibre sensoriel des spectateurs, créant un trouble de la perception.

Sa création, Hauts Cris (miniature), basée sur un texte d’Agrippa d’Aubigné, travaille différentes échelles de représentations de l’espace et du son pour révéler un état intérieur lié au cri. Un état qui n’est pas la peur mais une protestation véhémente. Un long cri aigu. Il est seul dans un espace trop petit pour lui. Et chacun de ses mouvements raisonnent de façon extraordinaire, comme si chaque déplacement, aussi petit soit-il, était lesté d’une tension énorme. Autour de lui, l’espace convivial d’une salle à manger, semble écraser par sa présence, est prête à voler en éclat. Entre cet espace et le public, un tronc d’arbre repose sur le sol et sert de projection à un poème d’Augripa d’Aubigné. Frappé par le danseur à la fin du poème, le tronc d’arbre se révélera être un tambour de bois. Peut-être s’agit-il de trouver une musicalité physique au poème, une sorte de contre point polyphonique – Corps, voix, bruitage – à ses alexandrins chargés d’horreurs et de révolte ? Peut-être s’agit-il aussi de trouver un espace comme ces miniatures de l’époque médiévale pintent sur un bout de bois qui libèrent le subconscient de ses traumatismes et l’aide à transformer sa plainte en un long cri strident, aigu et inarticulé.

C’est en s’appuyant sur les écrits d’Artaud et de Jean-Paul Curnier que nous avons réalisé l’entretien qui va suivre avec Vincent Dupont, pour aborder avec lui le spectacle Hauts Cris  (miniature), qu’il a présenté à l’édition 2007, du festival transchorégraphique organisé par le CCNT. A partir du cri, nous verrons comment la danse contemporaine s’approprie dans ce spectacle le texte, pour y réaliser un théâtre cher à Artaud. Un théâtre fait de chair, débarrassé de tout psychologisme.

Je suis le champ sanglant où la fureur hostile vomit le meurtre rouge et la scythique / horreur qui saccage le sang, richesse de mon cœur
« Le Printemps » Agrippa d’Aubigné

Entretien Vincent Dupont, Hauts Cris (miniature).mp3

Chorégraphie et interprétation : Vincent Dupont /// Son : Thierry Balasse /// Lumière : Yves Godin /// Assistante artistique : Myriam Lebreton /// Décor : Boris Jean /// Travail de la voix Valérie Joly /// Texte : Agrippa d’Aubigné