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Icône H

par Véronique Bergen.

        Je m’appelle Hélène, Hélène simulacre.com. Mon histoire sent la pluie du Péloponnèse, l’Asie Mineure, la mort en conserve, la vie en surgelé. Au moins bon de ma forme, je pratique une existence sur deux colonnes, sans ça, milk-shakant les siècles, les continents, je superpose avec brio ma vie et celle de la belle Hélène. Moi, Hélène, la poupée somnambule, je suis née pour déclencher la guerre.
Baptisée Hélène, j’ai très tôt débaptisé mon entourage, appelant ma mère Léda, mes frères Castor et Pollux, ma sœur Clytemnestre. Dès la maternelle, j’avalais en panade les péplums sur la guerre de Troie. Précoce, je peaufine depuis l’âge de mes quatre ans mon odyssée, ma légende achéenne. Tout débuta le jour où ma mère me mit en garde “fais attention, Hélène. Les reines de beauté qui affolent les sens des hommes, qui sèment incendies, suicides, pillages sur leur passage finissent étouffées dans leur bain puis pendues”. Un destin pareil, taillé à ma mesure, je jurai de m’appliquer à en être l’élève modèle. Ma naissance est frelatée, date de péremption expirée, mais mon nom saute de siècle en siècle. Sous bien des aspects, mon époque m’ennuie à mourir et ma venue au monde me donne la nausée. C’est pourquoi, sur l’une et l’autre, je projette la guerre de Troie.

        Ma beauté jalonne sa vie de morts, de razzias ; à l’intérieur de ses six lettres et des six lettres de mon prénom, je me farde, me déhanche et ondule courtisane jusqu’à vacillation du monde. Hélène se hait mais sa splendeur adore effacer le jour de sa naissance par une apothéose de cataclysmes, une chaîne de cocus. Tout ce que j’approche est détruit, telle est la rançon de ma beauté. Je fais exploser les couples, se disloquer les puissants, j’inocule le virus de la débauche aux grands vertueux, non contente de rafler le père, je conquiers le serviteur, le fils et la fille, laissant en mon sillage une traînée d’éclopés. Pour moi, on adultère à tour de bras, on éventre, on trahit, moi, le germe de la division, moi, que tous convoitent. Ma beauté canonique est fatale, vénéneuse, un mélange de Lulu et de l’ange bleu, avec la touche de la perfection plastique en sus. Mon être ? Un fléau pour qui se laisse piéger dans le tourbillon de mes charmes. Mon moi ? Un grand vide, étranger à lui-même, qui se remplit de corps, qui ne prend existence qu’à ricocher sur la pupille de ses adorateurs, qu’à se voir enfermé dans le cercle de regards prêts à me dévorer.
Mon corps livré à tous, mon esprit demeure impénétrable. Toutes les femmes sont en moi mais je ne suis en aucune d’entre elles, mon corps est plus qu’un corps, il est un attracteur étrange qui rend fou. Céder à mon propre désir et à celui des hommes, je n’ai pas d’autre loi. Enfermée dans ma beauté, j’étouffe. Enfant déjà, je ne me sentais pas humaine ; j’avais compris que je ne faisais pas partie du clan des hominidés mais de la famille des drogues, des substances synthétiques. À la fois enchantement et poison, je libère en continu ma dangereuse potion chimique, une irradiation rayons ultra-glossy. Très vite aussi, j’ai compris qu’on me convoite autant qu’on me hait, que, derrière le désir, se tapit le mépris, qu’en m’adulant on vise à me piétiner purée d’Hélène.

        Hélène, le siège d’Ilion, la fuite de ton père Zeus, la mort de milliers de Troyens et d’Achéens, c’est de ta faute, la ruine de Troie, c’est because toi, because ta satanée beauté de catin givrée qui sème la zizanie.

        Ce qu’on fait de moi, de mon corps m’indiffère car il y a longtemps que je ne suis plus là, vivant à cheval sur la présence et l’absence, offrant mes rires, ma croupe, mes œillades mais barricadée au fond de mon terrier. Derrière ma grâce, ce que personne ne veut voir, la peur, l’effroi, le vide de mon enfance, mes pleurs retenus ; devant ma beauté, la meute des loups prêts à se jeter sur moi ; à côté de ma beauté, les morts qu’elle a répandus contre son gré ; à l’intérieur de mon élégance, l’obscure danse du rien.
Je plaide irresponsable, je suis téléguidée par mon père Zeus et la maquerelle Aphrodite pour allumer, troubler l’esprit des hommes, je plaide irresponsable, je ne suis que leur instrument docile, l’otage de leurs plans. Je porte ma splendeur comme un signe de Caïn qui me tient à l’écart de mes contemporains et de moi-même.

        D’abord, il n’y a pas de chaîne causale mais des circuits en boucles, en vrille, en zigzag. Ensuite, adresser au siècle l’unique question “dans l’écheveau des événements, Hélène est-elle innocente ou coupable ?” me paraît bien mesquin, étroit et injuste. Je suis la pomme de la discorde jetée par Éris, je suis la proie de ma faim sexuelle qui réveille le démon érotique en tout homme, je suis le point de splendeur qui échauffe les ardeurs et trouble les sens. Moi, Hélène, la plus innocente des coupables, la plus coupable des innocentes, à la pointe où faute et innocence passent l’une en l’autre, pourquoi me moutarde-t-on droit pénal ?
C’est pas ma faute, c’est Aphrodite, ma maquerelle, qui m’a poussée dans le lit de Pâris, de ses frères, des soldats troyens, c’est pas ma faute si elle m’a choisie pour dérégler la famille de Priam, faire chuter le clan des Kennedy, les empires, si je suis le jouet de ma belle A. Elle n’a même pas eu besoin de m’ordonner de séduire Pâris, ses frères Déiphobe, Hélénos, je me suis jetée à leur cou comme je me suis offerte à Troïlus, Ménélas, Achille. Bas les pattes, Aphrodite, n’escompte pas tempérer mes élans, réfréner ma chasse à l’homme. Qui chasse qui ? N’y as-tu jamais songé ? Hélène, active dans sa passivité, dévore ceux qui la dévorent. Enchaînée à mes envies, victime de mes pulsions, de ma soif de corps, je suis prise autant que je prends, poupée de cire full sexe qui dégraffe, dépygmalionise son Pygmalion.
Coupable car innocente, je veux sortir de ce labyrinthe. Une abeille a davantage de conscience morale que moi, je plaide l’irresponsabilité totale, je suis l’insondable, l’irrésistible par excellence. Mon statut d’attracteur galactique me vaut l’impunité. Je plaide l’acquittement, ma beauté, mon sex-appeal, ma volupté agissent à ma place. Nul n’est plus sous l’emprise des troubles que je sème que moi-même. Je plaide coupable absolution impossible, circonstance émolliente zéro, sur l’arche de Noé post-atomique, s’il vous plaît, ne m’embarquez pas, je suis le fléau de la terre, une souricière, une calimité, le cauchemar des laides, la plaie des disgracieuses, le baume de l’homo erectus. Je plaide relaps et salvation en même temps, je plaide la déportation au bagne et l’acquittement au bordel, les chaînes Dior aux chevilles et la guêpière Yves Saint Laurent. Moi, la reine du sexe, l’experte en séduction, je suis ce que la nature a fait de mieux, promettant le pire, l’élixir de mort, le plaisir en rafale, le Kama Sutra passé dans le nombre d’or de ma splendeur. Monsieur Fibonacci, señor Léonard de Pise, les proportions harmoniques de mon corps vous donnent raison, le rapport entre deux termes de votre célèbre suite donne 1,618, le nombre d’or, le nombre Hélène, promener ma beauté en plein jour, c’est gaver les regards de la section d’or, AC/BC = BC/AB. Un rapport d’analogie entre segments, une équation suave, c’est ça Hélène. Le beau dans la nature et dans l’art a une base mathématique bien plus subtile que la symétrie : le rapport du segment total au long segment est égal au rapport du long segment au segment court. C.Q.F.D., être logée à cette enseigne, c’est être frappée merveille.
Un sein dénudé, une œillade et me voilà sauvée. Je suis Hélène, la chienne qui prend pour maître le premier bipède qui flatte ma croupe. J’ai égaré mon corps chez mon père Zeus avant de le perdre dans les rires de Pâris, dans les pleurs de sa femme Œnone. Retenu prisonnier dans les mains de mes amants, dans la haine de leurs épouses, mon corps luit dans l’assiette de Ménélas qui y recherche mon image, mon sexe se diffracte entre Thésée, Pirithoos et Achille, ma beauté tendue entre Troie et Sparte se nourrit des regards qu’on lui porte, des désirs dont on l’assiège. Mathématiquement, je présente un casse-tête insoluble : à tous, je me donne tout en restant une, les call-girls, en moi, se multiplient mais jamais la division ne m’atteint. Victime de mes ardeurs sexuelles, je suis un bourreau des cœurs.

        Quand je m’ennuie, je fais la cour à moi-même, je me drague, Hélène, une partie de criquet avec saut d’obstacles, ça vous dit ? Par altruisme, par bonté, il m’arrive souvent d’ouvrir les jambes à des hommes qui me révulsent. Ou, peut-être, est-ce par indifférence, par haine de ma personne… Hier, je me suis apostrophée sans relâche “dis non à ce ver baveux, Hélène, verrouille tes entrées, soustrais-toi à son gland vert émeraude”, mais mon corps s’est ouvert comme une fleur. Le bas de mon corps s’est rangé au “oui”, le haut a résisté encore un peu avant de se rallier à la capitulation. Devant les posters géants de ma personne qui recouvrent les murs de la chambre, je me suis inclinée. Si la volonté était un organe et non une faculté, cela marcherait mieux pour moi. Tu comprends, Ménélas, je ne me sens pas le droit de refuser, je carbure à la confusion du “oui” et du “non”, qui es-tu, petite morveuse, pour contrecarrer l’envie de Monsieur, le caprice de Madame ? Pour pouvoir dire non, il faut avoir pied dans l’existence, or, toi, tu lévites. Rappelle-toi : on te tolère quand tu acquiesces à nos démons, à la moindre rebuffade, on t’immole dans la haine. Hélhaine, et laine, tu vas filer un mauvais coton. Le label Hélène, on peut lui tisser une faillite fabuleuse, une déchéance sans retour, le label Hélène reconverti en un eros center bas de gamme, ça te pend au sexe.

        Ma beauté, vous la brandissez comme un étendard, puis vous vous y vautrez, la broutant sans relâche, vous donnant par vos pillages un peu de ma splendeur. Beaucoup de ceux qui me baisent veulent s’incorporer ma beauté, en détourner les rayons pour s’en auréoler, tout homme qui m’enlace escompte être contaminé par ma séduction, recevoir en partage la perfection de mon corps. Par ricochet, ma beauté docile s’épand en ceux qui me culbutent, une propagation de mon sex-appeal, de mon élégance quand ils déchargent, voilà ce qu’ils attendent. Ravir le secret de mon charme et s’en introjeter le principe actif… Ménélas, tu n’as rien cherché d’autre. Ma peur de ne plus plaire, de vieillir, ma panique des premiers cheveux blancs, de la plus infime ride, de perdre mes charmes, ma jeunesse, ma fraîcheur, vous en jouez avec un arrière-goût de cruauté, de vengeance, répondant à mes appâts par la férocité. Viendra le jour où les miroirs refléteront les premières ridules, les plis d’amertume, le relâchement de la peau, les signes avant-coureurs de la mort qui attaque l’épiderme, agresse l’enveloppe corporelle avant de descendre dans les organes. Je me donnerai la mort avant : ma beauté mourra en même temps que moi, elle et moi, main dans la main, un départ en chœur, sans que l’une ne survive à l’autre. Surtout qu’elle ne trépasse avant moi. Je ne suis pas de celles qui se fanent, se chiffonnent, je filerai, comète blonde, au travers des mailles du temps, au sommet de mes charmes. Je ne suis pas dupe, derrière leur adoration, leur fascination pour ma beauté, je sens leur volonté de m’humilier, de m’abaisser plus bas que terre, de me traiter en chienne… Vient toujours le moment où ils se mettent à cracher sur ce qui les rend fou, à railler mon avidité sexuelle, ma faim d’enfant apeuré, vient le moment où, leur corps rassasié, ils méprisent ma libido de toutou en chaleur, ma libido insatiable. Pathétique ton besoin de te faire prendre par le premier venu, pauvre catin nympho me lancent-ils après avoir déchargé leur semence. Mon corps ouvert à tous vents entend leurs insultes. Comme toute déesse, on ne me vénère que pour pouvoir me piétiner, me traîner dans la fange, faire passer Hélène du trône à la niche, c’est leur passe-temps préféré. Dès qu’on la bascule à l’horizontale ou la plaque contre un mur complice, ma beauté est ramenée à sa teneur animale. Je cesse d’être la sidérante, l’inaccessible Hélène. Pour oser franchir ma beauté intimidante, vous la changez en femelle en rut, vous la mettez à genoux, la traînez à quatre pattes, pour ne plus être impressionné par son aura surnaturelle, vous l’attachez aux montants de lit, lui passez des menottes aux poignets, aux chevilles, lui enfoncez la tête dans la cuvette d’un W.C. Une beauté profanée, active sexuellement mais désactivée symboliquement, une beauté ramenée à l’expression d’une avidité nympho, c’est ça votre vœu. Une beauté baisable à merci, qu’on se refile de queue en queue, dont on soupèse la valeur érotique… Hélène, tu as l’obligation d’assouvir la libido des mâles et des femelles qui te tripotent carrousel. Qui voit ma plastique de pin-up, de bimbo opère très vite une traduction, une conversion et la projette au lit, jambes et bouche ouvertes. Ménélas, tu n’as jamais vu ma beauté, tu as rêvé d’en dresser l’équation en gigogne qui te vaudrait la médaille Fields : beauté = sexe = volupté = lascivité = sensualité. Pas de chance, pour les équations poupées russes, tu n’es pas doué. Hélène = bête de somme, bête de sexe, tu n’as guère les atouts pour démontrer la chose. C’est pas parce que tu t’entailles les méninges que tu auras le tétanos des maths, maharadjah de pacotille.
Être convoitée par les hommes et les femmes, par les homfems, je n’ai pas d’autre raison de vivre. Aguicher le genre humain me rend l’existence supportable. Sans ça, je m’enfonce dans le mélodrame du rasoir artère jugulaire. Moi et moi, Hélène en tête-à-tête avec Hélène, sans le bal des regards qui me donnent consistance et je sombre asphyxie, aspirée par le néant. Ton assise psychique, tes fondations moïques, c’est zéro me sifflait ma sœur Clytemnestre qui a réussi à emballer Égisthe car j’avais déjà préparé le terrain, chauffant leur couche. À l’intérieur du cheval de Troie, une escouade de guerriers, à l’intérieur d’Hélène la plainte du vide. Juste le sexe en ébullition, cachet d’aspirine effervescent. Avec moi, la roue du temps se fait triangle pubien et mon hypoténuse de cocotte pythagorise à plein rendement.

        Le premier amant qui m’a dit “déloge Hélène de Troie de ta personne et réintègre ta vie”, je l’ai planté sec seize minutes après la profération de sa sentence bi-octosyllabique. Ceux qui ne perçoivent dans mon studio sous les combles les remparts de Troie, ceux qui, s’accrochant à leur prénom, refusent d’être baptisés Achille ou Hélénos, ceux qui se rendorment quand je les homérise au petit déjeuner, je les renvoie dans leur présent étroit, à l’illusion de leur identité. Décrocher d’eux-mêmes, s’adjoindre une vie en contrebande et trois existences de rechange n’est pas fait pour leur génome crispé sur leur code barre personnel. Si je vois que le goût d’être Achéen ou Phrygien, de m’offrir à des Dioscures de passage les titille, je leur donne quelques semaines pour vagabonder dans mes délires, m’offrir les charmes de Sparte le jour, les extases d’Ilion la nuit. Avec les petites frappes bornées, pas la peine d’évoquer les hauts faits kleptomanes de Pâris à chacun de leur vol à la tire, pas la peine de leur refiler des mangas, des jeux vidéos “offrez-vous Hélène de Troie” : sur tout ce qui précède leur naissance, ils tirent l’échelle. C’est pourquoi, souvent, je suis la seule à me promener sur les murailles de Troie, à pleurer la mort de Troïlus, à reconnaître dans la femme qui m’enlace la reine des Amazones, veillant à ne pas troubler ceux qui pensent que les individus, les époques, les lieux sont étanches, veillant à ne pas accrocher mes casseroles mythico-psychotiques à leurs neurones bien ordonnés, passer de la cour de Mycènes à un marché de Pergame quand on quitte ma chambre pour ma cuisine, c’est pas donné à tout le monde, la stéréoperception des espaces et des temps, pour y exceller, il faut commencer jeune et s’adonner à un training intensif. C’est à jeun que les plus doués habituent leurs sensations à faire le grand écart, à franchir trois millénaires. Pour les autres, l’apport de subtances est indispensable.
Pas fameuse l’habileté de ma dernière moisson d’amants et d’amantes à m’accompagner dans mes voyages égéens : déficit de mémorisation d’abord, degré d’érudition zéro rayon Grèce antique ensuite. Même en réduisant chacun des vingt-quatre chants de L’Iliade à un paragraphe digne du Club Med, dès le sixième chant, leur attention vient à décroître, si bien que mes fantômes, je dois les promener seule, les aérer à l’insu de mes amants, expliquer sans relâche à ma fille Hermione, à Andromaque que mes contemporains sont trop encombrés d’eux-mêmes pour les recevoir, que, oui, si je mes tapais des acteurs et des actrices roadés dans Euripide, Sénèque, Giraudoux, ça irait sans doute mieux. Mais, les seuls à proscrire, à éjecter se dénombrent parmi les plus zélés, parmi les bons élèves qui avalent la guerre de Troie en dix parties de jambes en l’air, je parle de ceux qui, s’investissant d’une mission, me crachottent “Hélène, je me jure de retrouver Zeus, ton père. Fais-moi confiance, je dénicherai ce fuyard, ce lâche”. Avec ces justiciers qui se piquent de thérapeutiser mon psychisme éboulis, pas d’autre issue que de cesser brutalement tout jeu sexuello-curatif. Le lèche-cul qui feint de croire à Zeus plus que je n’y crois, je le fais descendre à la première escale, un dictionnaire de la mythologie grecque entre les cuisses en guise d’au revoir. Le prochain qui me tartine avec son “je suis celui qui est”, je lui réserve une crise d’hystérie balayage 360 degrés, un aperçu grandeur nature des troubles de la personnalité multiple, plutôt duelle car ça me suffit. Je m’appelle Hélène de Troie, je ne suis pas ce que mon nom dit que je suis, parfois, quand la crise vire à l’aigu, je convoque Lewis Carroll pour qu’il débrouissaille mon cafouillis noms/choses. Je m’appelle Hélène, je cherche le sophiste du XXIème qui fera mon éloge. On tire à bout portant sur ma beauté, mon prénom est ce que j’ai de plus précieux, mon corps ne fait pas ce que mon prénom dit, c’est pourquoi il est chose publique mais mon H, mon L, mon N et mes trois E, personne n’en percera le secret.

 

Véronique Bergen
Extrait d’un roman en cours de rédaction.

En juillet, la vie manifeste s’associe au blog Strass de la philosophie de Jean-Clet Martin pour faire résonner une initiative ouverte l’an dernier : L’été des philosophes.