© Image Pauline Lecerf

Ce qui vient vers nous, Gaïa.

Une série d’entretiens extraits des grands directs des radios campus Good Cop Bad Cop 21, depuis la ZAC de Coalition Climat 21, du 7 au 11 décembre 2015.
Eco-féminisme, racisme environnemental, ecocide, anthropocène, par-delà nature et culture. Gaïa.
Avec : Christophe Bonneuil, Valérie Cabanes, Philippe Descola, Jean-Baptiste Fressoz, Emilie Hache, Razmig Keucheyan, Bruno Latour, Valérie Masson-Delmote.

Eco-féminisme et Racisme environnemental

Emilie Hache, philosophe, maître de conférence Université Paris Ouest, Nanterre. Elle s’intéresse aux actions et essais éco-féministes ainsi qu’aux romans de science-fiction féministes produits aux États-Unis au cours des années 1980. Comment dans la peur, sortir de la peur ? Comment trouver les moyens d’agir dans la catastrophe ?

Razmig Keucheyan, sociologue et maître de conférence à l’université Paris Sorbonne IV est l’auteur de « La nature est un champ de bataille. Essai d’écologie politique ». Ouvrage qui met en avant crise écologique et inégalités de classe et de race liés au rapports de dominations dans le capitalisme.

Sommaire : L’État d’urgence climatique – L’écologie pragmatique – l’éco-féminisme – trouver dans la catastrophe, dans la peur, les ressources pour en sortir – Starhawk, rêver l’obscur – la science fiction /la culture comme un ensemble de récit / De nouveaux récit pour changer de culture.

Sommaire : le racisme environnemental – le rapport à la spiritualité dans les luttes en Amérique du Nord – le racisme structurel – le mouvement écologiste aux usa dans son rapport à la question des inégalités environnemental – Wilderness et colonialisme – le racisme structurel – l’ouragan Katrina métaphore du racisme environnemental – la justice environnementale.

////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Justice climatique

Quel sens juridique donner au terme écocide ? Eco- vient du grec oîkos (maison), -cide vient du latin caedere (tuer, détruire), donc il s’agit du crime lié à la destruction de notre maison commune, c’est-à-dire la Terre. Eclairages de la juriste Valèrie Cabannes.

Valérie Cabanes, juriste en Droit International et spécialisée dans les Droits de l’Homme, porte-parole de l’initiative citoyenne européenne « End Ecocide on earth ».

////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Par-delà nature & culture, les enseignements de l’anthropocène. Avec Philippe Descola et Christophe Bonneuil

Philippe Descola, anthropologue, étudie les relations à l’environnement des Achouars de haute Amazonie et s’est consacré à l’étude du dualisme Nature/Culture, les relations entre humains et le « monde non humain ». Figure de proue de l’anthropologie, Philippe Descola enseigne au Collège de France.

Christophe Bonneuil est historien des sciences, chercheur au CNRS, il est notamment l’auteur avec Jean-Baptiste Fressoz de l’ouvrage L’évènement anthropocène publié aux éditions du Seuil. Son travail s’attarde sur la (fausse) promesse d’une croissance indéfinie. L’entretien donné ici plonge le nez dans ce qu’on appelle l’anthropocène. Une exploitation des ressources fossiles qui a provoqué l’avènement d’une nouvelle ère géologique.

Sommaire : L’Amazonie n’est pas une forêt vierge, c’est un jardin – De la distinction Nature / Culture – Le naturalisme – La controverse de Valladolid.

Sommaire : L’animisme – L’autre est un je – Les relations de parenté humain / non-humain – La transformation du globe comme solution aux conflits sociaux – Théorie du climat et colonisation de l’Amérique du Nord – La distinction sciences sociales / sciences dures – Les choix énergétiques sont aussi des choix liés aux rapports de dominations – L’anthropocène / le capitalocène.

Sommaire : L’argument de la croissance, de l’emploi – A quelles conditions les Achouars d’Amazonie transgressent dans leur rapports au milieu ? – La naissance du marché – La rencontre des mondes – La crise climatique est le fracas de notre cosmogonie – Attribuer des droits à des écosystèmes.

////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

« Travailler à la construction d’une cause »

Avec :
Bruno Latour, philosophe, sociologue et anthropologue. Il est l’auteur de nombreux ouvrage dont Politique de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie et vient de publier Face à Gaïa aux éditions La Découverte. Huit conférences sur le nouveau régime climatique.

Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, des techniques et de l’environnement, maître de conférence à l’Imperial College de Londres. Auteur de L’Apocalypse Joyeuse, une histoire du risque technologique, aux éditions du Seuil en 2012.

Valérie Masson-Delmote, climatologue, coprésidente du groupe 1 du GIEC, chargée d’établir les faits scientifiques sur les causes et les évolutions du changement climatique. Ses recherches portent sur l’évolution du climat à travers la reconstruction des changements climatiques, en utilisant les glaces polaires et les cernes des arbres.

À quelle époque sommes nous ? Au XVIe siècle selon le philosophe Bruno Latour. C’est la séquence historique où se joue une nouvelle représentation du monde avec Galilé. La Terre est un globe fini. Comment habiter cette nouvelle terre? C’est la question politique du XVI°s. Jean-Batiste Fressoz, historien des sciences, nous rappelle que le XVIe siècle est aussi une séquence où la question du climat fait débat.

Avec l’hypothèse Gaïa, – un monde pluriel : intercroissement d’une multitude d’êtres, une multiplicité de cosmos – c’est une nouvelle représentation de la terre qui se joue, à nouveau le climat et à nouveau la question d’habiter. Comment habiter Gaïa ? Mais, ce qui nous arrive, c’est aussi la compréhension du futur comme fuite de nos conditions d’existence. C’est cette fuite – portée selon Latour par le concept d’émancipation – qu’il nous faut abandonner pour faire face à l’avenir comme ce qui vient vers nous. Et ce qui vient vers nous c’est Gaïa.

Toujours selon Latour, la situation nous oblige à repenser la politique d’une toute autre façon. Et ce, d’autant plus que se pose pour nous le droit à des bords, à des limites, un droit oublié par la mondialisation moderniste. Latour milite dans cet entretien pour une re-territorialisation de la question sociale. C’est aussi ce mouvement, le nouveau régime climatique.

Dans la controverse artificielle entre la communauté scientifique du GIEC et les climato-sceptiques, c’est l’institution scientifique comme mode de production de la vérité qui s’en trouve restaurée. On découvre avec cette controverse que la vérité est produite. La science est située.

Comment le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) construit la vérité ? Pour Valérie Masson-Delmotte la vérité se construit pas des controverses, à ne pas confondre avec des polémiques.
Quelle articulation entre science et politique ? Bruno Latour nous propose d’entendre la politique comme constitution d’une volonté de la part des scientifiques et des activistes de construire une cause, un objet commun.
Pour Bruno Latour, avec la Conférence de parties (COP), nous avons enfin, une vision claire des dissensus entre chaque pays.

Entretiens : Emmanuel Moreira
Production : Radio Grenouille, Radio Campus Paris, Radio Campus Dijon, Radio Campus France.
Retrouvez tous les Good Cop Bad Cop 21, réalisé avec les Radios Campus.

////////////////////// Autres documents

Philosophie de la relation
Entretien radiophonique avec Vinciane Despret, philosophe des sciences & éthologue. Elle interroge les dispositifs à partir desquels nous entrons en contact avec les animaux. Vinciane Despret, nous propose de penser la relation homme animal. Non pas l’être des choses, mais les relations entre-elles. Aussi, la différence humain / animal n’est peut-être pas une bonne question, la question serait plutôt les différences de relations humain / animal.

Donner lieu, rencontre avec Augustin Berque
Rencontre avec Augustin Berque, géographe, orientaliste et philosophe français.

Penser avec Gilles Clément
Gilles Clément est paysagiste et jardinier. Penser avec Gilles Clément, c’est le faire à partir du jardin. Un jardin planétaire et en mouvement permanent.

Résister à la barbarie qui vient. Entretien avec Isabelle Stengers.
Isabelle Stengers enseigne la philosophie des sciences à l’Université libre de Bruxelles, lectrice de Whitehead, de Simondon et de Starhawk, collaboratrice régulière de la revue Multitudes, et membre du comité d’orientation de Cosmopolitiques. Elle a dernièrement publié Les faiseuses d’histoires (avec V.Despret) et Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient, aux éditions La Découverte.