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Le principe de la chimère, Carlo Sévéri

Le principe de la chimère. Une anthropologie de la mémoire.
Une question est à la base du projet intellectuel de l’anthropologue Carlo Severi: comment produire de la mémoire sans usage de l’écriture ?

Autrement dit, il s’agit d’explorer les techniques sociales de mémorisation des sociétés dites “orales”. A travers quatre chapitres – fondés sur dix années de recherche – l’auteur pose les bases d’un nouveau champ dans la discipline anthropologique, et propose de bâtir un nouveau point de vue sur cet objet mystérieux qu’est la mémoire sociale.

Le principe de la chimère. Une anthropologie de la mémoire. Editions Rue d’Ulm (2007).

La librairie Le Livre, place du Grand Marché à Tours (37), vous propose les trésors de la littérature, un espace de respiration, loin des étals de supermarché, organisé et peuplé par ses Libraires exigeants et avant tout amoureux du livre. Régulièrement, le vendredi soir, ils reçoivent des auteurs : ce sont Les rencontres du Livre.


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Archives sonores : Isidore Isou / Jean-Luc Godard, Hélas pour moi
Archives audiovisuelles – Anthropologie comparée des « arts de la mémoire »

Quand le père du père de mon père avait une tache difficile à accomplir, il se rendait à un certain endroit dans la forêt, allumait un feu et se plongeait dans une prière silencieuse. Et ce qu’il avait à accomplir se réalisait. Quand, plus tard, le père de mon père se trouva confronté à la même tache, il se rendit à ce même endroit dans la forêt et dit : « nous ne savons plus allumer le feu mais nous savons encore dire la prière ». Et ce qu’il avait à accomplir se réalisa. Plus tard, mon père lui aussi alla dans la forêt et dit : « nous ne savons plus allumer le feu, nous ne connaissons plus les mystères de la prière mais nous connaissons encore l’endroit précis dans la forêt ou cela se passait et cela doit suffire ». Et ce fut suffisant. Mais quand, à mon tour, j’eux à faire face à la même tâche, je suis resté à la maison et j’ai dit : « nous ne savons plus allumer le, feu nous ne savons plus dire les prières, nous ne connaissons même plus l’endroit dans la forêt mais nous savons encore raconter l’histoire ».