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Icelle

Amandine André

Moi José del Céu mort par le travail abominable suis ressuscité par la volonté de la poussière des anges et réincarné par icelle en texte par la voix duquel je dirais les poèmes de l’an 2083.
Moi feu José. N’est plus. Est ce par quoi l’extraordinaire histoire de ce siècle sera dite.

Commençant par la fin je décidai de mourir.

Je me mis en quête d’un corps pour y loger. J’en trouvais plusieurs faits pour moi. Le premier n’était pas exactement à ma taille. Le second non plus. Le premier m’attendait. Pourtant, le second aussi. Je suis tombé dedans. Le premier était fait pour moi par son incroyable lenteur seulement. Il n’était pas exactement à ma taille si bien que je suis resté la plupart du temps coincé entre le pancréas et la huitième vertèbre. Je me mis en quête d’un corps. C’est ainsi que toujours je tombe c’est ainsi que je vois du dedans. Imparfaitement. J’aurais voulu dire et j’ai dit imparfaitement en cela que je tombe dedans. Dans un corps c’est-à-dire dans un monde. Et que je tombe dedans toujours parfaitement dedans. Donc, le premier était fait pour moi. Un corps pour moi, sa lenteur, seule, un dedans de manière comme pour moi. Donc disons que ce corps était très très lent d’une part et d’autre part sans orthographe. Je veux dire que je ne parlais pas de manière articulée et selon la philosophie mais avec une petite grammaire bruitiste. Je m’égare je reprends quand je tombe, je ne suis pas toujours entièrement. C’est une question de taille. Le premier, parfaitement par sa lenteur, était cependant plus grand que moi. Je veux dire que je suis resté coincé entre le pancréas et la huitième vertèbre car c’est parfaitement là que je pouvais voir ce monde-là de dedans agir sur l’ensemble de ce corps et lui donner cette manière toute particulière à lui. Ce n’est donc pas une question de taille. Quand je tombe je tombe donc imparfaitement au sens métrique. Je veux dire que ce n’est pas ainsi que j’habite dans les corps parfaitement à leur taille. Je veux dire que la taille du corps n’est pas la mesure exacte. Je veux dire que je ne colle pas parfaitement au corps comme la toile de tissu à un patron. Ou, du scotch au mur. Ce n’est pas une question de taille cependant je maintiens que ce corps n’était pas exactement à ma taille et pourtant il était parfaitement. Je maintiens pour soutenir que si ce n’est pas une question de mesure métrique c’est un souci de taille cependant je veux dire que je suis resté coincé. Que je ne me suis pas pleinement développé. Je ne peux pas dire que durant tout ce temps je me suis épanoui. Ni dire que j’ai grossi de quelque chose ou de moi-même. Ni que ma croissance, je veux dire, je ne sais pas si celle-ci fut bonne, celle qu’on a avec le temps qui nous augmente avant de nous rétrécir. Je veux dire, ça ne bougeait pas. Je suis resté coincé parce que la taille de ma vision et de ma compréhension se situaient là. Que finalement j’ai découvert une nouvelle forme de moi. Que, je pense, je suis et j’étais sans forme préalable et que, voilà, c’est donc de cette forme-là que j’ai vécu dans ce corps et que les manières de ce corps m’ont donné cette forme et que cette forme, ma forme, s’est finalement faite quand je suis tombé dedans et que ma forme nouvelle a sans doute contribué à donner une nouvelle manière. Je veux dire que ma présence dedans rythmait d’une manière nouvelle sa manière et que l’ancienne manière me rythmait et que tout cela se transformait et se répétait. Non. Se répondait. Oui. Et non, car pour la vision ce n’est pas non plus une question de taille mais de champ, oui de cadre, enfin. Tout cela. Pour dire. Enfin. Que c’est bien avec ce corps que j’ai vu quelque chose de ce monde. Pour la simple raison qu’il était toujours en haut des arbres accroché aux cimes.

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