© Image Alice Lewis.

Tout ce que tu ne m’écris plus

Tout ce que tu ne m’écris plus, je l’invente
Tout ce que tu ne m’écris plus, je l’écris
Tout ce que tu me retires, je m’y loge

Et je fais et défais ton visage à volonté
selon les angles d’attaques ou d’ancrages
Je cerne une ligne et tu disparais dans ce creusé.
Soudain, tu es entier dans ma tête
et je te vois marcher le long du fleuve
Tu te retournes

Tout ce que tu ne m’écriras plus, je l’inventerai
Ma bouche faite de chair et ta bouche imaginaire
je n’en ferai qu’une seule bouche ouverte sur ton absence

Tout ce que tu me laisseras comme silence ponctuera ce que j’écris
que tu ne m’écris pas
Tout ce que tu ne m’écris pas, je l’écrirai

tu te retournes vers moi
ton sourire,
le long du fleuve

Tout ce que tu ne m’écriras plus, je l’inventerai
Tout ce que tu ne m’écriras pas, je l’écrirai

Amandine André

 

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21h12

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par Amandine André
Il est 21h12 et ai l’impression que quelque chose de la langue m’a traversée par la vitre. Que je suis passée dans la fiction. Que suis allée vers là où il est difficile de revenir. Ne sais plus alors comment je suis, si tu existes. Tu m’a peut-être oubliée dans tous ces mots.

Die Nacht ist noch zu wenig Nacht

Douglas Gordon Self-Portrait of You and Me

Quand tu m’écris, tu ne m’écris pas. Le malheur de ce que tu m’écris est que tu ne m’écris pas. Quand tu m’écris il n’y a pas pour moi de plus grand malheur que de lire que tu ne m’écris pas. Quand tu m’écris, pour mon plus grand malheur, tu m’écris pour ce malheur, celui qui fait que tu ne m’écris pas. Quand tu m’écris, tu écris et je lis que tu écris. Que ce que tu écris et qui était pourtant fait pour moi fait ce grand malheur qu’à la toute fin tu ne m’écris pas. Peut-être voulais-tu m’écrire et pensais-tu me répondre et pensais-tu que c’était à moi que tu écrivais. Or tout le malheur est là quand tu m’écris tu ne m’écris pas tu écris.